2.7.2 Résultats qualitatifs

Après observation des termes collectés, nous avons constaté que, morphologiquement, ils se répartissent de la façon suivante :

  • termes simples 57% (dont substantifs 50%, adjectifs 3,2%, verbes 3,8%)

  • termes complexes 38,8%

  • sigles et abréviations 4,2%

Le fait de rencontrer un grand nombre de termes complexes n’est pas surprenant. Pour citer Cabré (1998 : 155) ‘“ ce cas de figure [les termes complexes] est plus fréquent en terminologie que dans la langue générale, et il donne lieu à des syntagmes terminologiques’ ”. Pour ce qui est de la faible représentation des verbes et adjectifs, c’est également un fait propre aux langues de spécialité : ‘“ la quantité de substantifs présents dans les lexiques de spécialité est disproportionnellement plus élevée par rapport aux adjectifs et aux verbes ” (Cabré 1998 : 157)’.

Les termes complexes, ou syntagmes terminologiques, nous ont posé deux problèmes particuliers : tout d’abord, celui de leur identification. Comment distinguer un syntagme terminologique d’un syntagme libre ? Ensuite, celui de leur délimitation : comment fixer la limite du syntagme, comment délimiter avec précision le segment qui correspond à un syntagme terminologique ? Pour citer Sinclair (1991 : 111), les expressions ont une extension indéterminée, car un mot en appelle un autre. Deux critères nous ont permis d’identifier et de délimiter les syntagmes terminologiques. Tout d’abord, un critère sémantico-syntaxique. Ainsi, les syntagmes terminologiques doivent se comporter, en contexte, comme des termes simples, notamment en ce qui concerne :

  • la non-séparabilité des éléments : le fait d’ajouter ou retirer un élément change la signification de l’ensemble

    Ex : restrição voluntária às exportações [autolimitation des exportations]

  • l’ordre déterminé-déterminant

    Ex : balança comercial [balance commerciale]

  • l’absence d’article pour le déterminant

    Ex : capital de giro / *capital do giro [capital circulant]
    retração de vendas / *retração das vendas [diminution des ventes]

  • l’expansion du groupe nominal par l’ajout d’un adjectif
    Ex : bens de consumo
    bens de consumo duráveis
    [biens de consommation]
    bens de consumo não-duráveis [biens de consommation non-durables]
    bens de consumo semi-duráveis [biens de consommation semi-durables]

  • le caractère unique du signifié

Ensuite, comme nous l’avons signalé plus haut, le critère de récurrence, critère documentaire (Rondeau 1984 : 80), permet à la fois d’identifier et de délimiter les syntagmes terminologiques. Pour être considéré comme tel, un syntagme terminologique doit apparaître, sous cette forme, dans plusieurs textes. Nous pourrions citer de nombreux exemples de syntagmes attestés par ce critère documentaire. Malgré les critères énoncés ci-dessus, nous avons surtout buté sur la difficulté de délimitation de ces syntagmes terminologiques. Comme le signale Cabré (1998 : 156‘) “ il arrive que la forme d’un terme syntagmatique coïncide avec celle de sa propre description’ ”. La question qui s’est posée était de savoir où arrêter le syntagme : devait-on considérer bens de consumo semi-duráveis [biens de consommation semi-durables] comme un syntagme, comme une expansion de bens de consumo duráveis, ou une expansion de bens de consumo [biens de consommation]? Nous pourrions reprendre les réflexions faites par Lelubre :

 Ce procédé [de syntagmatisation] est récurrent : tout syntagme, en effet, est composé d’une base et d’une extension (...) le syntagme considéré peut lui-même être la base d’une nouvelle extension, ou bien l ‘extension d’une autre base. La formation de termes par syntagmatisation est donc susceptible de produire un grand nombre de dénominations candidates à dénommer des unités référentielles.

(Lelubre 1997 : 225-226)’

Nous reviendrons sur cette question de la formation des syntagmes dans le chapitre 3.

Nous avons vu que les sigles et abréviations sont plus représentés que les verbes et les adjectifs. Ces sigles (“ unités formées par la combinaison des lettres initiales de différents mots qui constituent une expression plus vastes ” Cabré 1998 : 156) désignent, dans notre corpus, des organismes (FMI, FIESP), des regroupements de pays / accords commerciaux (Mercosul, NAFTA, GATT), des indices (IGP, IPA, INC, IPC), des impôts et taxes (IOF, ICMS, IPI), des transactions financières (CDB, BTN). Ils ont en commun le fait d’être, en grande partie, et du moins dans notre corpus, lexicalisés.

Pour ce qui est des domaines d’origine des termes collectés, outre des termes relatifs à l’économie et au commerce, on trouve de nombreux termes relatifs aux activités bancaires et financières ; ceci peut se comprendre facilement si l’on resitue ces termes dans leur époque, celle d’une inflation importante. Nous reviendrons sur ce sujet en 3.2.

Les termes présentés dans les pages suivantes constituent un bon observatoire du type de termes employés dans la presse pour décrire les phénomènes liés à l’économie et au commerce : comment sont-ils formés, à quel domaine appartiennent-ils, etc. C’est à la description de ces termes que nous allons nous attacher dans le chapitre suivant.