5.2 PROBLÈMES DE DÉFINITION ET D’ÉQUIVALENCE

5.2.1 L’accès au sens : parcours sémasiologique

On sait que la différence entre concept et signifié est l’un des problèmes au coeur du débat entre terminologie et linguistique. Notre travail se situe en quelque sorte à mi-chemin entre ces deux tendances, car la linguistique de corpus est un travail essentiellement descriptif, donc sémasiologique. Il nous semble assez difficile, dans le cadre de notre travail, de parler de concept, car c’est vers le sens en discours, textuel, que nous orientons notre recherche. Il serait peut-être plus exact de parler de signifié. En effet, l’accès au sens des termes collectés s’est, dans un premier temps, fait au travers de leur actualisation en discours. Comme le dit très justement ‘Slodzian (2000 : 74) : “ alors que la terminologie classique restreint le linguistique aux seuls mécanismes de dénomination et impose une vue essentiellement paradigmatique, l’étude des textes de spécialité déplace l’intérêt sur le fonctionnement réel des unités lexicales en contexte, et l’approche descriptive des textes et des unités lexicales au détriment de l’approche normative ”.’ Le fait de s’attacher au sens en discours implique de prendre en considération d’éventuelles ambiguïtés ou pluralité de sens des termes. Ainsi, pour citer ‘Depecker (2000 : 103) : “ contextes et situations de communication influent en permanence sur l’interprétation à donner du ou des signifiés ”’. Tout ceci semble peu compatible avec le concept et sa nécessaire univocité. On peut ici remarquer qu’un nombre significatifs de termes de notre corpus sont empreints d’une forte connotation, et que les cas de polysémie ne sont pas rares. Nous pouvons donc dire que, dans le cadre de notre dictionnaire, les définitions des termes sont plus des définitions de signifié plutôt que des définitions de concept (Depecker 2000 : 116).

L’accès au sens s’est fait, dans le cadre de notre travail, par le biais de référentiels (dictionnaires – lexiques – experts), dans une démarche éminemment sémasiologique, puisque c’est le terme qui en était la “ porte d’accès ”. Les ouvrages de référence utilisés au départ sont des dictionnaires monolingues publiés au Brésil, complétés par un ouvrage de référence :

  • Dicionário de Economia, de P. Sandroni, Best Seller, São Paulo, 1989.

  • Dicionário de Administração e Finanças, de P. Sandroni, Best Seller, São Paulo, 1996.

  • A Economia Brasileira, de W. Baer, Nobel, São Paulo, 1995.

L’information trouvée dans ces ouvrages a été complétée et vérifiée auprès de deux experts, M. Hamilton Luiz Corrêa et M. Paulo de Tarso Presgrave Leite Soares, professeurs à la Faculté d’Economie de l’Université de São Paulo.

Dans une seconde phase du travail, nous avons utilisé des ouvrages en français, notamment pour la rédaction des définitions et la recherche d’équivalents :

  • Dictionnaire d’économie, de J.P. Paulet, Eyrolles, Paris, 1992.

  • Lexique d’économie, sous la dir. de A. Salem et J.M. Albertini, Dalloz, Paris, 1992.

  • Dictionnaire économique et social, de J. Brémont et A. Gélédan, Hatier, Paris, 1990.

Notre objectif étant de donner le sens en discours de ces termes, nous avons toujours procédé à une comparaison de la définition proposée par les ouvrages de référence, et le signifié qu’il était possible de retirer du contexte. Le rôle des experts a été primordial dans cette phase ; en effet, seul un spécialiste du domaine était à même de nous expliquer d’éventuelles divergences d’emploi d’un terme, de nous éclairer sur le sens particulier, en contexte, d’un terme ne figurant pas dans les ouvrages de référence, etc. L’objectif de notre travail étant essentiellement didactique (car destiné à des apprenants de langue étrangère), les définitions que nous proposons sont courtes, car elles ont pour but de compléter une information dont elles ne sont qu’une partie (l’équivalent en français, le contexte d’actualisation, sont tout aussi importants).