3) Critique radicale des présupposés théoriques de la firme néoclassique consensuelle

En dehors des coûts de faillite financière, les critiques les plus radicales concernent les bases mêmes de l’approche néoclassique du financement de la firme : D’une part, la définition restrictive de l’objectif de la firme limité à la maximisation de la valeur des fonds propres, semble fondamentalement assise sur une conception, elle-même contestable, de l’entreprise. Assimilée à une boite noire et, au mieux, à une unité homogène, celle-ci n’est pas saisie dans toute sa complexité. L’approche néoclassique n’intègre pas notamment les conflits d’intérêts et les enjeux de pouvoir qui existent ou qui peuvent exister au sein des entreprises managériales. D’autre part, la prise en compte de la divergence d’intérêts possible entre actionnaires et créanciers permet par exemple de mieux discuter la légitimité de l’objectif de maximisation de la valeur des fonds propres, qui peut être obtenue, par simple transfert de richesse 28 . Par ailleurs, la non-prise en compte de l’asymétrie d’information entre insiders et outsiders, occulte le rôle central du dirigeant au sein de la firme. Enfin, la théorie néoclassique qui considère l’actif financier, notamment l’action, comme de simples instruments de placement, ignore les impératifs et les enjeux du contrôle et du pouvoir dans l’entreprise ainsi que leurs effets sur le processus de création de valeur.

L’ensemble de ces insuffisances a conduit les chercheurs à développer d’autres approches de la firme. En abandonnant les hypothèses les plus restrictives de la théorie financière néoclassique, ces « nouvelles » théories tentent de mieux appréhender les aspects organisationnels au sein de l’entreprise et leurs implications sur la création et la répartition de la valeur, en intégrant précisément à la fois les relations conflictuelles, les enjeux de pouvoir et les coûts de transaction.

Notes
28.

La théorie des options montre comment l’action, titre de propriété détenu par les actionnaires et assimilée à une option d’achat sur l’entreprise, peut être revalorisée par des engagements plus risqués qui, à l’inverse, dévalorisent les titres de créance.