I) La gestion par la valeur

Le mouvement de restructuration de l’économie américaine, entamé dès le début des années quatre-vingt, a donné lieu à de gigantesques batailles boursières. En multipliant les offres hostiles sur des conglomérats considérés comme peu performants, 106 les raiders mettent en avant les mécanismes de création de valeur actionnariale. Le démantèlement des grosses structures devant aboutir à la constitution d’entités plus homogènes centrées sur des segments d’activité bien définis, et obéissant à des logiques industrielles clairement identifiables. Ainsi, d’une part les synergies et les économies d’échelle potentielles sont plus élevées, d’autre part, la visibilité devient plus grande, ce qui facilite le contrôle des managers, soit autant de gisements de valeur.

Notes
106.

Il faut cependant noter que cette brusque montée en puissance du mouvement revendicatif des investisseurs ne signifie pas que les entreprises américaines soient devenues soudainement moins rentables qu’elles ne l’étaient auparavant. L’explication réside plutôt dans la profonde mutation du contexte. En effet, les années quatre-vingt correspondent à la fin des trente glorieuses, période au cours de laquelle les firmes enregistraient une progression importante et continue de leur chiffre d ‘affaire. L’atonie de la croissance s’accompagne d’un net recul du profit des sociétés ce qui entraîne, ipso facto, une dégradation du portefeuille des investisseurs. Nous verrons ultérieurement que ces faits revêtent une importance particulière au regard du débat portant sur les liens entre croissance et création de valeur.