2) Le statut de créancier résiduel n’est pas un attribut exclusif de l’actionnaire

Le statut de créancier résiduel, donnerait à l’actionnaire la légitimité nécessaire pour s’approprier le profit résiduel mais aussi pour dicter les objectifs à atteindre par la firme. Cependant, si l’on examine de plus près cette notion de créancier résiduel, on constate que les situations auxquelles elle renvoie ne concernent pas exclusivement les actionnaires. A la base, cette notion de requérant résiduel, est fortement liée à celle du contrat incomplet. Dans un contrat complet en effet, le partage des richesses dans tous les états futurs de la nature est clairement spécifié et il ne pourrait y avoir de bénéfices résiduels. En l’absence de bénéfices résiduels, la désignation d’un créancier résiduel n’a aucune utilité. Le créancier résiduel puise sa raison d’être dans les difficultés qu’il y a à déterminer de manière ex ante les droits et devoirs de chaque « stakeholder » dans tout les cas de figure.

Ainsi, dans certaines situations, quand la mesure des flux de profits d’un actif devient délicate, certains  stakeholders, les fournisseurs ou les clients, peuvent user de leur pouvoir pour extraire le maximum de rente. De même les rémunérations et récompenses, telles que les augmentations salariales non contractuelles, consenties par les entreprises bénéficiaires, confèrent, dans une certaine mesure, un statut de créancier résiduel, au salariés alors que ceux-ci ne détiennent pas de droits de vote.

A l’opposé, lorsqu’une firme n’arrive pas à honorer ses dettes, ses créanciers prennent son contrôle et décident de l’affectation de ses actifs. Ils deviennent de fait des créanciers résiduels. Enfin, l’existence dans de nombreuses sociétés de différentes classes d’actions avec différents droits de vote, est une entorse manifeste au principe « d ’une action une voix » et montre que les revenus résiduels ne sont pas toujours liés aux droits de contrôle résiduels. Par conséquent, l’actionnaire n’est pas toujours le créancier résiduel exclusif. La remise en cause de cette hypothèse fondamentale amène naturellement au réexamen de l’objectif de maximisation de la richesse qu’elle sous tend.