III) Du Modèle d’agence aux approches partenariales

1) Critique des modes de contrôle externe

Dans les pays à économie de marché, où prédomine le contrôle externe des entreprises, un débat intense s’est engagé sur l’efficacité des mécanismes disciplinaires et de surveillance sur la performance (financière) des entreprises et leur conséquences sur le plan industriel. Les critiques ont été surtout axées sur les limites du contrôle par le marché des entreprises américaines et britanniques. On considérait alors que la perte de compétitivité du secteur industriel américain, face aux allemands et aux japonais, était due, en grande partie, à l’instabilité qui règne sur les marchés financiers. Celle-ci se traduisant notamment par la prédominance du court-termisme comme mode d’évaluation et de gestion des entreprises. En effet, les problèmes générés par la séparation de la détention du capital et de la fonction de gestion des entreprises n’ont jamais trouvé de solutions totalement satisfaisantes. Ainsi, une structure financière où la dispersion du capital est trop forte, signifie qu’aucun actionnaire individuel n’a intérêt à s’engager dans une mission de contrôle. Le coût du monitoring sera en effet intégralement à sa charge, tandis que les bénéfices profitent à l’ensemble des actionnaires. En effet, l’activité du monitoringsuppose un engagement important en ressources et en temps.

Or plusieurs investisseurs préfèrent opter pour les avantages que procurent une situation de free riding, à savoir la liquidité et la diversification de leur portefeuille. Les conséquences de cette situation sont diverses et variées :

L’absence de contrôle laisse aux managers une large marge de manœuvre, qu’ils peuvent mettre à profit pour détourner les ressources de la firme. Ce comportement des dirigeants peut avoir deux sources :

  1. Leurs divergence d’intérêt avec les actionnaires et leur opportunisme ;
  2. la crainte d’une suréaction du marché lors d’événements conjoncturels défavorables (baisse momentanée du retour sur investissement, croissance plus faible ou ralentie,…) du fait de la quasi- inexistence d’engagements explicites et même implicites des investisseurs.

La juxtaposition de ces deux phénomènes peut se traduire au mieux par l’absence de toute stratégie de long terme, et au pire par la mise en place par les dirigeants d’une stratégie d’enracinement.

Par ailleurs, l’absence ou la faiblesse de l’activité de contrôle signifie que les investisseurs ne peuvent disposer d’informations fiables sur l’activité de la firme autres que celles fournies par les transactions sur le marché. Cette asymétrie d’information peut alors augmenter les mouvements erratiques et déboucher sur une stratégie myope des investisseurs. Cette situation peut également aboutir une certaine concentration du capital.