2) Autres critiques du modèle « principal- agent »

Ces divergences théoriques profondes ont amené certains auteurs 203 à émettre une critique plus fondamentale. Il s’agit de la remise en cause de la logique même adoptée par les tenants du modèle financier. On considère que ce modèle ne peut capter que quelques aspects de la problématique du gouvernement de l’entreprise et ce pour deux principales raisons.

La première critique, qu’on pourra qualifier d’externe au modèle, considère que cette problématique est d’essence multidisciplinaire (économique mais aussi juridique, politique, sociale,…). Se focaliser sur les seuls aspects financiers ne permet donc pas de saisir toute la complexité du problème. Naturellement, les solutions proposées ne peuvent dans ce cas n’être que parcellaires.

La seconde insuffisance du modèle principal/agent tient au fait que l’accent soit mis exclusivement sur la maximisation de la richesse des actionnaires, tandis que les autres stakeholders sont relégués au second plan 204 .

Cette seconde critique constitue l’argument de base des tenants de la « stakeholder theory ». Ceux-ci n’omettent cependant pas en élargissant leur analyse aux autres membres, d’inclure dans leur grille des éléments tels que le contexte institutionnel, le cadre juridique,…etc. Comme le montrent Freeman et Liedtka (1997), l’idée du « stakeholder capitalism » remonte à une vieille tradition qui considère le business comme une partie intégrante de la société plutôt qu’une institution isolée et de nature purement économique 205 . A partir de là, l’idée du stakeholder management a été développée dans les années quatre vingt comme une méthode de prise en compte systématique de l’intérêt de tout ceux qui « peuvent affecter ou être affectés par la firme ».

Notes
203.

On peut citer hill et Jones (1992), Blair (1995), Vitols (1995), Prahald (1993), Freeman (1997) ,…

204.

Hormis les actionnaires, et dans une moindre mesure les dirigeants, ce modèle ne reconnaît pas de rôle d’acteurs aux autres stakeholders.

205.

Freeman E., Liedtka J., (1997), « Shareholder capitalism and the value chain », European Management Journal, vol 15, n°3, juin, p.286