Conclusion

Au terme de ce chapitre, on peut noter que la théorie du gouvernement d’entreprise n’est qu’à ses débuts. En effet, en dehors des conflits d’agence et de l’asymétrie de l’information, les soubassements théoriques sont encore très hétérogènes. Ainsi, si la notion de créancier résiduel empruntée au droit de la propriété est un élément central dans la démonstration des théories de la valeur actionnarial, elle est paradoxalement utilisée par d’autres auteurs (Blair, 1995) pour contester le bien fondé de ces théories. Cet aspect mis à part, les marchés financiers semblent aujourd’hui dominés par l’impératif de création de valeur qui découle directement des approches dites restrictives du gouvernement d’entreprise. De plus en plus de dirigeants, mettent en avant les concepts de valeur actionnariale, de retour sur investissement, de marge opérationnelle, d’E.V.A ou de M.V.A pour justifier leurs projets d’investissement, leur changement de stratégie, voire même leurs plans sociaux. La publication régulière des indices de performance des fonds conduit les gérants à rechercher les plus-values à court terme, accentuant ainsi les pressions sur les entreprises cotées.

Face à cette financiarisation croissante de l’économie 208 , les tenants des approches larges du gouvernement d’entreprise justifient leur choix de prise en compte de l’ensemble des intérêts des partenaires par les effets pervers des approches restrictives. Ils contestent aussi bien la légitimité que l’efficacité supposées d’une gouvernance exclusivement orientée vers l’actionnaire. Dans les modèles alternatifs qu’ils tentent de mettre en place, l’objectif de la firme apparaît comme un compromis entre les intérêts des divers stakeholders. Ainsi, il serait exclu de recourir au downsizing en vue d’améliorer performances financières pour les investisseurs puisque cela revient à sacrifier l’aspect social qui représentante l’intérêt des salariés. Cet équilibre entre les aspects financiers, industriels et sociaux a longtemps imprégné la logique de fonctionnement des entreprises françaises.

Notes
208.

Les flux financiers atteignant des multiples exponentiels des flux réels.