VI) Les nationalisations ou le retour au dirigisme économique

1) La politique volontariste des années 80

En 1981, le gouvernement de gauche décide d’un ensemble de mesures conjoncturelles toutes axées sur la lutte contre le chômage, redevenu pour l’occasion la priorité absolue des pouvoirs publics.

Sur le long terme, la philosophie adoptée consiste à mettre entre les mains de l’Etat tous les leviers importants pour lui permettre de mettre en œuvre une politique cohérente. Celle-ci devant concilier les impératifs de croissance économique, de développement industriel et de satisfaction des aspirations sociales notamment un niveau d’emploi satisfaisant 229 . Dans cette perspective, la nationalisation des principaux groupes industriels et des principales institutions financières 230 qui ne sont pas dans le périmètre public est entreprise. A cette occasion, la planification quelque peu délaissée par les précédents gouvernements, regagne une place de toute première importance et redevient le projet de développement de la France 231 . Un plan intérimaire de deux ans (1982-1983) est mis en place, dans l’attente de l’élaboration d’un plan définitif (le neuvième) qui s’étend de 1984 à 1988.

Dans ce cadre, une politique de relance par la stimulation de la demande, dans la pure tradition keynésienne, est mise en œuvre. Outre les augmentations de salaire (relèvement de 10% du SMIC en 1981 et de 28% en deux ans) et quelques autres prestations 232 , 150000 emplois sont créés dans les secteurs public et social entre 1981 et 1982 et des contrats de solidarité sont proposés aux entreprises et aux collectivités locales afin de permettre la création de nouveaux emplois. Ces mesures consacrent une sensible amélioration du pouvoir d’achat des salariés et parviennent à contenir pour quelques temps la progression du chômage. Mais du côté des entreprises, les coûts de production enregistrent une envolée d’autant plus spectaculaire que la durée hebdomadaire du travail est ramenée à 39 heures alors que les congés payés sont portés à cinq semaines par an.

Ces réformes sociales produisent un accroissement des charges des entreprises, ce qui affaiblit leur compétitivité. Le déficit de la balance commerciale atteint des proportions inquiétantes en 1982 233 . Sur le plan macro-économique le déficit extérieur est aggravé par la flambée du dollar entre 1981 et 1985 234 . Conjugué au déficit budgétaire, ces déséquilibres aboutissent à une dévaluation à trois reprises entre 1981 et 1983 et amènent le gouvernement à opérer un changement majeur de politique économique.

Notes
229.

A travers notamment le plein emploi et une augmentation des salaires.

230.

Toutes les banques et institutions financières qui totalisent plus d’un milliard de francs de dépôt sont concernées par cette mesure.

231.

Berstein S., et alii., (1987), Op cit., p. 339.

232.

Relèvement du SMIC de plus de 10% en 1981 et de plus de 28% en deux ans, majoration de 35% du minimum vieillesse entre juillet 1981 et janvier 1982 et augmentation des allocations familiales et des allocations logement de 50% en deux étapes.

233.

Voir les chiffres.

234.

Et par conséquent des importations dont le poste énergie.