3) Les zinzins étrangers plus actifs

a) Contrôle de la gestion sociale

Les investisseurs institutionnels étrangers, qui sont devenus les principaux actionnaires des sociétés françaises, exercent une influence non négligeable sur les politiques sociales des entreprises, selon une étude publiée samedi par la DARES (ministère de l'Emploi).

Toutefois, malgré l'importance des questions sociales dans la gestion de la main d'oeuvre, les investisseurs ne valorisent pas systématiquement les licenciements. Mais, selon certaines études, ils ne rencontrent que peu d'incitations à examiner plus avant cette gestion, ajoute l'étude.

Pour autant, le monde financier n'est pas prêt à valider n'importe quelle politique sociale mais au contraire, accompagne, voire oriente, de façon normative, certaines politiques sociales, précisent les auteurs Sabine Montagne et Catherine Sauviat de l'IRES (institut de recherches économiques et sociales).

Les investisseurs institutionnels sont aujourd'hui des institutions financières non bancaires --fonds de pension, gestionnaires d'épargne collective (mutual funds), compagnies d'assurances, filiales spécialisées de banques--, qui centralisent l'épargne financière des salariés et des ménages.

Ces investisseurs, notamment américains, contrôlent la moitié de la capitalisation boursière française -alors que les ménages n'en possèdent plus que 38%- et sont à l'origine de plus de 80% des transactions sur les actions françaises à la bourse de Paris.

La France, dont les "rigidités" du marché du travail n'a jamais constitué un obstacle sérieux à leurs placements, est parmi les tout premiers pays d'investissement des fonds avec le Royaume-Uni, le Japon et l'Allemagne, souligne le rapport.

La France est par exemple au 3ème rang des pays d'accueil étrangers pour les placements du fonds américain Calpers.

Les entreprises font en outre dorénavant la distinction entre une poignée de cadres jugés essentiels à la création de valeur et le reste de la main d'oeuvre, dont la gestion est déléguée au niveau local.

Les premiers, souvent contraints à la mobilité et à l'intégration dans des équipes internationalisées, font l'objet d'une attention soutenue et bénéficient de dispositifs particuliers d'incitation financière (primes, stock-options formant la part variable du salaire), calqués sur les pratiques anglo-américaines.

La crédibilité et la qualité du top management sont d'ailleurs jugées beaucoup plus utiles pour mesurer la performance de l'entreprise que les politiques sociales, remarque l'étude.

Pour les autres salariés, cadres moyens et non-cadres, qui ont vu leur statut relativement déstabilisé, voire détérioré, à la suite de restructurations par filialisation qui réduisent le champ d'application des conventions collectives, la part variable du salaire reste faible, limitée à diverses formules de participation et d'intéressement.

Toutefois, précise l'étude, 64% des analystes interrogés par les auteurs, reconnaissent que la gestion sociale est un facteur de rentabilité.

Selon eux, cette rentabilité est elle-même affectée par la formation (compétence du personnel), la politique salariale (élément de motivation), la masse salariale (point critique de l'équilibre financier) et la gestion participative (implication du personnel).

Ils sont 73% de ces analystes à penser que l'objectif d'une bonne gestion sociale est d'éviter les crises.

En conclusion, les chercheurs de l'IRES qualifient de "sollicitation-délégation", l'influence des actionnaires institutionnels sur l'organisation des entreprises, puisque les actionnaires, s'ils ne prétendent aucunement gérer à la place des dirigeants, indiquent toutefois à ces derniers des orientations stratégiques.