6) L’importance de la liquidité : cas des indices MSCI*

Le CAC 40 conforte son avance

Le marché parisien a ouvert en légère hausse, soutenu par la reprise des valeurs américaines hier et conforte son avance en milieu de matinée. La séance sera marquée par la première étape de la repondération des indices MSCI, en fonction du flottant et non plus de la capitalisation boursière totale. Dans l'après-midi, les investisseurs prendront par ailleurs connaissance de la deuxième estimation du PIB américain pour le troisième trimestre.

Repondération des indices MSCI : un impact difficile à évaluer

Vendredi prendra effet la première étape du changement de méthode de pondération des indices Morgan Stanley Capital International (MSCI). Un événement puisque l'on estime à plus de 3.000 milliards de dollars les actifs des fonds d'investissement gérés en relation avec ces indices, dont 500 à 600 milliards pour les seuls fonds dits passifs, c'est-à-dire répliquant au plus près leur indice de référence. Les intervenants s'attendent ainsi à des ajustements massifs des portefeuilles en liaison avec les changements de pondération des valeurs. Mais ils jugent extrêmement difficile de prédire si ces ajustements vont pénaliser ou favoriser telle ou telle valeur ou même tel ou tel marché. Le changement de pondération décidé par MSCI répond à la volonté de prendre en compte désormais la part du capital effectivement disponible aux échanges – le flottant – et non plus la capitalisation entière des valeurs composants les indices. Cette nouvelle méthode favorise ainsi les titres les plus liquides en ne prenant pas en compte les participations détenues par les Etats, les partenaires industriels ou même les dirigeants. Afin de limiter les perturbations que ces modifications pourraient engendrer sur les marchés, MSCI a fixé une étape intermédiaire au 30 novembre avant le basculement complet le 31 mai 2002. A compter de vendredi, un coefficient d'ajustement temporaire entrera donc en vigueur jusqu'en mai 2002. Il ne prendra en compte que la moitié de l'ajustement total lié au passage de la capitalisation au flottant. Ainsi, si une valeur a un flottant de 50%, sa pondération dans l'indice prendra dans un premier temps en compte 75% de sa capitalisation au lieu de la totalité précédemment avant de passer effectivement à 50% en mai prochain. A noter que les valeurs retirées des indices le seront totalement dès la première étape, donc dès vendredi.

Les variations de pondérations vont ainsi provoquer des achats et des ventes des gérants pour ajuster la présence des valeurs dans leurs portefeuilles. Les valeurs françaises dont les pondérations vont être ajustées en baisse sont France Télécom, Sanofi-Synthélabo, L'Oréal, STMicroelectronics, LVMH, Carrefour, Vivendi Universal, Société Générale, Axa, PPR ou Casino. A l'inverse, Dexia, EADS, Castorama et Renault, qui font leur entrée dans le indices, vont évidemment bénéficier d'un relèvement de leurs poids respectifs dans les indices MSCI. Entrent également Air France, Altran Technologies, Atos Origin, TF1, Business Objects, Thomson Multimedia et Alstom. A l'inverse, Gecina, Simco, Eurazeo, Seb, les ADP Casino et Alcatel Optronics seront retirées des indices.

Par pays, le Royaume-Uni et les Etats-Unis seront parmi les principaux bénéficiaires de cette repondération tandis que la France et l'Allemagne en seront les grands perdants.

L'impact immédiat sur les marchés de ces vastes mouvements de portefeuilles reste difficile à appréhender. Il semble que relativement peu de gérants aient d'ores et déjà anticipé les ajustements nécessaires. Selon les estimations, seulement la moitié environ des arbitrages nécessaires auraient déjà été effectués. "Beaucoup d'investisseurs institutionnels sont restés attentistes et ont choisi d'ajuster leurs positions au dernier moment, explique un intervenant. La forte baisse des marchés après le 11 septembre et leur volatilité persistante a en effet incité bon nombre d'entre eux à attendre dans la crainte d'être pris à contre-pied par le marché en achetant ou en vendant trop tôt et donc de s'écarter de leur indice de référence." Toutefois, l'équipe de recherche dérivés actions de BNP Paribas Equities souligne que si l'anticipation des ajustements ne s'est pas encore concrétisée, elle devra le faire dans les jours à venir car la liquidité risque de ne pas être suffisante le 30 novembre au soir, même si les fonds spéculatifs apportent un peu de liquidité. Le bureau d'études ajoute que les actions sortantes des indices, qui ont des capitalisations plus petites et une plus faible liquidité, vont engendrer des volumes conséquents équivalents en moyenne à plus de 15 jours de trading "normal". Elles devraient donc être négociées rapidement. Mais au-delà d'un impact très probable sur les volumes d'affaires, les intervenants ne se risquent pas à formuler des pronostics sur l'impact à la hausse ou à la baisse des ajustements sur les cours des valeurs. Ainsi, si Renault semble avoir bénéficié en début de semaine de prises de positions liées à son entrée dans les indices MSCI, le titre enregistre ce jeudi sa deuxième séance consécutive de baisse. "Les arbitragistes et certains fonds spéculatifs ont pris ou prennent des positions inverses à celles que devront prendre les gérants, ce qui contrebalance l'effet directement lié aux ajustements de pondération", prévient un opérateur.

Caroline Lechantre