PREMIERE PARTIE. PREVENTION SPECIALISEE ET POPULATION DEFAVORISEE : RÉPÉTITION HISTORIQUE ET SOCIALE

Introduction

Valéry pensait : " l'histoire est la science des choses qui ne se répètent pas.” A l’inverse, nous croyons, comme le philosophe américain George Santayana, que : “ Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé se condamnent à le revivre.”

Afin de donner un cadre à cette recherche, il nous parait indispensable de préciser ici le lieu où se situe notre réflexion : Une expérience de Prévention Spécialisée, et notamment, des actions consacrées par elle aux difficultés et échecs scolaires que rencontrent des enfants, des jeunes et des adultes habitant des quartiers désignés comme socialement sensibles ou défavorisés. Notre expérience dans le secteur éducatif et social, notamment dans celui de la Prévention Spécialisée, nous a permis de relever des points communs avec les mouvements de promotion d’une éducation de l’homme et de l’éducation populaire, tant dans les objectifs que dans les difficultés rencontrées. En préalable à la présentation de ce cadre, il nous parait donc opportun, de faire ici un rapide historique de la pauvreté et de l’exclusion. Cela nous permettra de mettre en exergue ce que nous entendons par “répétition historique et sociale”. Cette lecture des faits vient, pour nous, compléter la notion de reproduction sociale introduite par P. BOURDIEU.

Il n’est pas dans notre intention de réaliser ici une étude de l’histoire de la pauvreté et de l’éducation ; celles-ci, trop dépendantes de l’histoire politique et religieuse, représenteraient à elles seules l’objet d’une autre recherche. Notre choix est simplement de donner quelques repères historiques de la notion de pauvreté et d’exclusion, afin de repérer l’action de la prévention spécialisée aujourd’hui.

Il conviendra donc, dans cette première partie, de préciser sa place au sein de la prévention sociale générale ou primaire et ce qu’elle est. Nous verrons également son objet : l’inadaptation sociale, et ce que recouvre pour nous la notion de puissance sociale parentale. Enfin, ces jeunes sont - ils inadaptés parce qu’exclus, ou exclus parce qu’inadaptés ? Qui sont-ils ? correspondent-ils aux images et représentations qui se véhiculent à leur propos ?