1.2 : La pauvreté et la Révolution française

A l’opposé de cette période passée, où la lutte contre la pauvreté quand elle n’était pas répressive, n’était pas organisée mais totalement laissée à la seule initiative privée, la Révolution se situe pour une intervention de la puissance publique : “ L’indigence est en effet pensée dans cette perspective comme un fait social, une situation accidentelle dans laquelle l’individu se trouve placé malgré lui. D’où les devoirs de la société envers lui” . ( 5 )

Ainsi, la Constitution révolutionnaire de l’an I décide :

‘“ Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler “ ( 6 ). ’

La Révolution confisque les biens des institutions de charité et, par les décrets des 19 mars et juin 1793, met en place des secours publics obligatoires pour les personnes les plus nécessiteuses : indigents, enfants, vieillards. Les municipalités ont pour mission de recenser les pauvres en difficultés, les infirmes, vieillards et veuves avec charge d’enfants. Il est décidé de leur allouer une pension et de leur assurer l’assistance médicale gratuite. Nous voyons là les prémisses de l’actuelle sécurité sociale et de l’aide sociale CMU, (Converture Maladie Universelle). L’Eglise, comme pour l’éducation, perd ainsi ses prérogatives en matière de secours et de charité. Cependant, la volonté révolutionnaire de 1789 à 1793 n’a pu tenir ses promesses et les hospices et hôpitaux ont été autorisés à nouveau à prendre en charge la charité. Les révolutionnaires ont également assujetti l’octroi de l’aide sociale de l’Etat à des conditions d’insertion sociale, tout comme on retrouve ce principe aujourd’hui pour l’attribution du RMI (Revenu Minimum d’Insertion)

Notes
5.

P. Rosanvallon, L’Etat en France de 1789 à nos jours, Seuil, Univers historique, 1990.

6.

Article 21 de la constitution révolutionnaire de l’an 1.