Exclusion et éducation

Parmi les facteurs actuels de disqualification sociale et d’exclusion,“l’échec scolaire”, est largement reconnu ; c’est une notion relativement récente ; durant la première moitié du XX ème siécle, elle était peu présente ou, tout au moins, pas en termes de problème pour la société. Il existait une sorte de darwinisme social, accepté comme sélection naturelle. Insidieusement, alors que, durant la période des “trente glorieuses”, le rapport formation/emploi n’était pas le même que de nos jours, l’échec scolaire est venu jouer le rôle d’élément de sélection dans l’accés à l’emploi. En effet, avec l’idée répandue de la réforme du collège unique, qui donnait les mêmes chances à tout le monde, ceux qui ne réussissaient pas étaient, de fait, responsables de leur propre échec. Ainsi, l’Ecole semble jouer encore aujourd’hui un rôle de caisse de résonance de l’échec social, qui accentue les déséquilibres et pousse rapidement dans les arcanes de l’exclusion. Ce phénomène se rencontre surtout dans les banlieues en difficulté, mais également dans les zones rurales victimes de la désertification, venant s’ajouter à la discrimination géographique. Les formes en sont le plus souvent des redoublements précoces, des retards scolaires importants à l’entrée du collège, l’absentéisme, des difficultés d’assimilation, etc... Une des conséquences directes de cet état de fait est une accession à l’emploi rendue très difficile par l’absence de diplôme. L’importance du chômage renvoie au nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme (environ 90 000 jeunes en France) chaque année, soit environ 10% d’une classe d’âge, qui est particulièrement exposée au risque d’exclusion. L’illettrisme en est une autre conséquence. il renvoie à la maîtrise de la langue et la compréhension de textes simples. C’est ainsi l’autonomie de la personne qui est en cause et, à terme, sa sociabilité. Cependant, ce type de difficultés n’est pas uniquement subi par les plus jeunes. Les personnes confrontées à cette difficulté sont, selon l’IRINSEE, au nombre de 4 Millions, ce qui contribue à accréditer la thèse selon laquelle, notre système scolaire n’arrive pas à remédier à cette situation. Les actions de Prévention Spécialisée que nous avons menées nous mettent donc dans la même configuration historique, où l’illettrisme était pris en charge par des actions d’éducation populaire, car l’instruction obligatoire n’existait pas encore et elle était réservée à l’élite de la population. Nous verrons maintenant au travers de la présentation de la Prévention Spécialisée, le retour d’une situation antérieure qui tend à se répéter.