4.2 : La Prévention Spécialisée au sein du dispositif global
‘“Si la communauté sociale sécrète l’inadaptation, celle-ci doit pouvoir également mobiliser les forces nécessaires pour atteindre un rééquilibre, ce qui a amené un élargissement de l’objectif des clubs et équipes devenus moyens de socialisation et promotion” (
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)’
La Prévention Spécialisée, au sein du dispositif global d’action sociale, poursuit une méthode qui se définit par deux grands axes :
- Le premier est une action quotidienne de terrain . Ce sont des actions de prises de contact, d’écoute, d’aide ponctuelle, de présence dans la rue, dans les quartiers, de réalisations concrètes, pour rompre avec les seuls discours négatifs et valoriser les quartiers, en créant une image positive remplaçant “la mauvaise réputation“. Ces actions créeront des liens qui permettront une réelle négociation. La base de tout ce travail est, bien entendu, une longue présence quotidienne sur le terrain, au plus près des populations les plus en marge, non touchées par la prévention sociale globale. Il s’agit du travail de rue.
- Le second est une action en direction des institutions et équipements de la prévention sociale globale, qui restent souvent sans réponse face à la marginalisation et à qui incombe une part, consciente et inconsciente, de responsabilité dans cet état de fait. Plutôt que de critiquer et d’exclure, d’opposer une dénégation à ces images de la réalité, réponses totalement inefficaces et sans objet, il convient d’employer une stratégie de communication. Cette dernière reposera :
-
- sur une valorisation du quartier, des habitants, des jeunes, au travers de réalisations concrètes opposables aux discours primaires ; réhabilitations de quartiers menées en collaboration avec le public, actions d’aides éducatives périscolaires avec la participation des parents, des enfants et des enseignants, création d’associations de jeunes etc .... Ces réalisations concrètes permettent de briser cette imagerie médiatique négative de marginalisation, à laquelle sont identifiés les publics de ces quartiers socialement sensibles.
- sur une bonne maîtrise de l’information, afin que celle-ci ne soit pas constamment infestée par des “ virus de communication “.
- Sur une bonne gestion des relations avec la presse et les différents partenaires, afin d’éviter toute dérive ou malentendu (quand cela est possible malgré tout ).
- sur une incitation constante des partenaires de l’action sociale à la participation active et à la prise de relais des actions menées sur le terrain. C’est dans cette dynamique que nous rencontrons le plus de difficultés et d’échecs ; l’on constate souvent, d’ailleurs, une certaine ambiguïté à propos de la prévention spécialisée, que l’on a tendance à vouloir diluer dans une prévention plus globale, avec prise en charge d’actions d’animation et d’insertion sociale.
En conclusion, il s’agit là de mettre en mouvement le corps social, y compris les plus exclus, afin de tendre vers une interaction possible, vers une connaissance des uns et des autres et à une reconnaissance mutuelle. Les résistances à ces sollicitations sont énormes de toutes parts. A l’impossible nul n’est tenu ; cependant, nous devons y engager ; telle est la mission de la Prévention Spécialisée. Il convient maintenant d’évoquer son objet même, ce que l’on nomme l’inadaptation sociale.
Notes
18.
Circulaire n° 26 du 17 Octobre 1972 , relative à l'arrêté du 4 juillet 1972 sur les clubs et équipes de prévention spécialisée (Secrétariat d’état à l’action sociale et à la réadaptation).