La rencontre de la loi.

Le rôle du père, est le premier aspect extérieur du monde vers lequel tout converge. Le père est le premier étranger qui apparaît dans le monde de l’enfant ; il dissocie ainsi le couple fusionnel idéal mère-enfant, en mettant en place une triangulation Père-Mère-Enfant. Il apparaît donc comme le nouveau centre de diffusion des règles, des interdictions et des punitions. Il représente symboliquement l’image de la loi. Or, pour peu qu’il ne soit pas investi dans ce rôle par la mère ou par la société, un conflit s’engage alors avec l’enfant. La mère ne peut “tenir” les interdits face au Moi (tout puissant) de l’enfant.

Elle est trop mêlée ou trop “collée” à lui (qu’elle a porté) ; elle ne peut résister longtemps au chantage affectif : “si vous m’aimez vraiment, laissez moi faire tout ce que je désire” ( Redl, in Lemay, 119, p. 96). Elle est écartelée car, en acceptant, elle ruine les valeurs morales ; en résistant, elle ruine l’amour filial.

Le père apparaît alors comme le nouveau gardien des valeurs ; le rôle paternel signifie une extériorisation des valeurs en relation avec la vie sociale. Il faut pour cela que le père soit reconnu et puisse se faire aimer sans perdre son autorité. Son rôle sera de faire accepter à l’enfant les règles de la conduite normale, dans le cadre des lois de la réalité sociale. Or, comme nous l’avons vu précédemment, il existe trois cas principaux où la relation avec le père renforce la dissocialité :

  • La dissociation Père-Mère : La mère a une attitude ou joue un rôle qui, consciemment ou inconsciemment, revient à diminuer, à disqualifier l’autorité du père au yeux de son enfant.
  • L’absence du père, sans figure substitutive suffisamment importante pour être différente de la mère. (mort du père, absence d’un père vivant ou apparitions fugaces d’un père “lointain”)
  • Père présent physiquement mais sans consistance éducative et ne jouant pas son rôle, c’est à dire n’existant pas comme autorité à la fois en terme d’exigence et de protection. Cela peut aller du père exerçant une autorité excessive ou abusive coupant ainsi toute relation et renvoyant l’enfant auprès de la mère, au père négligent, totalement indifférent ou, au contraire au père laxiste, n’exigeant rien de l’enfant et satisfaisant tous ses désirs en le déresponsabilisant.