6.3 Le sentiment de rejet

Ils vivent déjà le sentiment de rejet que vivent leurs parents. De surcroît, l’exubérance, la spontanéité et parfois la violence de la jeunesse font qu’ils sont les premiers révélateurs et les premiers visés dans les problèmes sociaux de quartiers. Au cours de différentes rencontres avec les habitants ou les enseignants, nous avons pu vérifier une certaine “cristallisation“ des difficultés sociales d’un quartier sur les jeunes et les enfants. Ceux-ci sont vécus comme les uniques responsables du mal de vivre, des boucs émissaires potentiels. Cela pose, également, le rapport de l’adulte à l’adolescent dans nos sociétés occidentales, où cette période se prolonge. On parle alors uniquement “du problème des adolescents” ; ne pourrait on pas envisager également le problème de l’adulte face à cet être en devenir ? (rivalité, maturité sexuelle, abandon, renvoi au vieillissement de l’adulte etc ... ). L’adolescence est une période transitoire, faite d’interrogations sur sa propre personne, son changement et les autres. C’est une période difficile à franchir ; on a besoin d’aide, de présence adulte. Paradoxalement, les jeunes se retrouvent presque tout seuls, niés même dans leurs difficultés, comme des gêneurs ou des rivaux. Il n’ont pas toujours la place qui leur revient ; peut être font-ils peur ( 26 ).

Il nous parait important de faire ici une remarque d’ordre général : Il existe des structures de loisirs pour les jeunes enfants jusqu’à 10, 12 ans : halte-garderie, crèche, centres de loisirs (et encore en nombre insuffisant et quelquefois peu adaptés à la pré-adolescence). En revanche, après 12 ans, (âge qui requiert encore plus un référent adulte solide) force est de constater un grand vide : les maisons de la jeunesse et de la culture ou les centres sociaux proposent bien souvent des choix limités et délimités. Ces lieux d’accueil ont un public qui a déjà fait un choix ; il a adhéré à quelque chose.

Notes
26.

L'enfance écartée de Philippe ARIES, Revue "AUTREMENT” Novembre 1979.