c ) Les enfants en classe de 6 ème

Certains cherchent à faire jouer aux animateurs le rôle du “gendarme“ pour les “obliger“ à faire leur travail scolaire. Cependant, ils entretiennent un rapport aux devoirs très négatif, certains manifestent des refus catégoriques : les affaires sont oubliées ... , s’il n’y a pas l’urgence du lendemain, on attend ... “rien à faire“ “le prof était pas là“ etc ... D’autres attendent des sanctions de l’enseignant, en le provoquant ...

Notons d’ailleurs que les punitions les font réagir : ils les font en priorité et laissent de côté leurs devoirs ... Ce sont souvent les plus faibles qui sont les plus pénibles et en ont le plus. L’indifférence est la pire des choses (de nouveau resurgit, la force du concept d’identité) parce qu’il semble que la priorité du jeune soit d’exister, d’être remarqué en tant que personne, quitte à être en échec scolaire ; nous assistons également à des comportements de fuites !... “Je n’ai pas eu le temps de noter sur mon cahier de textes“. C’est un véritable travail de fourmi qui s’engage ; on dédramatise, on prend le cahier du voisin ... “J’ai oublié mon livre“; heureusement, il y a celui du copain ... Il faut démonter morceau par morceau : ces réticences et provocations, cette logique fataliste “de baisser les bras”, ce sentiment d’incapacité à faire.

Il faut tenir bon, sans céder, jusqu’à ce que tombe ce masque de la fatalité. Il faut souvent exiger, être attentif à cette énorme attente qu’ils ont vis à vis de nous et ne pas se laisser piéger par les stratégies d’échecs qu’ils mettent admirablement en place pour que l’on s’occupe tout simplement d’eux.

En ce qui concerne la scolarité, les jeunes filles ont compris que la poursuite d’études pouvait être pour elles une des voies de l’autonomie, alors que les garçons ne semblent pas conscients que leur futur statut d’homme ne leur donnera pas obligatoirement une place stable dans notre société, comme c’était le cas auparavant. Il nous parait, néanmoins, important de nuancer cette observation, en considérant, dans ce niveau de conscience, que la maturité affective des garçons et des filles n’est pas la même .