3.2 L’approche scolaire

Une action multipartenariale fut menée sur le terrain, afin de prendre en compte les difficultés des gens du voyage ou semi-sédentaires (30 à 60 caravanes), plus particulièrement l’approche scolaire et le stationnement dans des conditions sanitaires satisfaisantes.

Les résultats constatés nous ont amenés à désirer reconduire cette action, voire à en engager d’autres avec, comme objectifs principaux :

Des actions ont été menées conjointement avec la participation des écoles maternelles et primaires avec, pour l’aspect social, la coopération de la Direction de la Prévention et de l’Action Sociale (DIPAS), de la Sauvegarde de l’Enfance et, pour l’aspect médical, de la Caisse Primaire D’assurance Maladie.

Il s’agissait donc de conduire une activité périscolaire de type jardin d’enfants à l’intérieur de l’établissement scolaire, afin de faire approcher l’école en douceur pour les gens du voyage.

Pour les plus petits, la municipalité de Bourg en Bresse a mis à disposition gratuitement un local de 40 m2 à l’intérieur de l’établissement scolaire, équipé de tables, chaises, de matériels pédagogiques, livres, jeux. Parallèlement, un ALGECO a été installé dans le quartier, afin d’adapter l’école à cette population, et réciproquement. Ainsi, un double mouvement a pu s’opérer : faire venir ces familles vers l’école et l’école vers ces familles. Compte tenu de ces actions concrètes engagées avec les enfants et de tout un travail de sensibilisation auprès des parents, une démarche les concernant a été mise en place en fonction de leur demande : alphabétisation, accès aux soins. Cependant, il convenait de ne pas “griller les étapes” et de respecter le rythme “d’apprivoisement “.

Le nombre de jeunes suivis s’est élevé à :

Sur l’aspect social et sanitaire, 30 familles ont également été suivies.Ces réalisations ont pour seul but de tenter de changer certaines mentalités :

D’une part, celle des gens du voyage, qui résistent à l’acceptation d’une intégration progressive au travers de la scolarité de leurs enfants, tout en respectant leurs traditions mais aussi en favorisant une ouverture plus générale des institutions sanitaires et sociales dont ils se sentent ou se croient exclus. Il s’agissait également de démontrer que les gens du voyage, bien souvent considérés comme réticents à toute évolution, refusant la scolarité, les lois, souffrent de non reconnaissance, bien souvent d’analphabétisme, ce qui les isole de la société environnante et dont les problèmes de toutes sortes (stationnement, rejet, rouages institutionnels inconnus) creusent le fossé de l’incompréhension. Il convient donc de rassurer ces deux mondes qui s’ignorent.

Enfin, ces familles vivent dans des situations de grande pauvreté. Au-delà d’une question financière, c’est aussi l’importance de la reconnaissance de leur propre culture et l’accès à une autre culture établie dont fait partie, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, fondement nécessaire à l’intégration sociale et à la communication.

La scolarisation des enfants du voyage apparaît comme un moyen d’insertion, sans pour autant les faire renoncer à leurs traditions. Cependant, de nombreuses difficultés se font jour :

La première démarche fut d’installer un ALGECO (baraque de chantier, avec réfection des peintures et aménagement à l’intérieur).

Notre présence quotidienne fut acceptée progressivement et des discussions de tous ordres ont pu s’établir avec les familles. Celles-ci ont été très sensibles à notre volonté de mettre en place des actions permettant leur reconnaissance. Elles ont pu parler de leur propre scolarité, du malaise, de leur exclusion. Elles ne souhaitent pas que leurs enfants connaissent la même chose. La prise de conscience de la scolarisation des enfants en maternelle est présente mais la difficulté pour les mères, reste la séparation d’avec leur enfant. Par ailleurs, cette action a suscité une émulation chez les enfants du primaire et une forte demande d’aide pour la lecture.

Dans le même temps, les enseignants du primaire nous ont demandé une intervention. Par la mise en place de cet ALGECO et de la sensibilisation progressive des familles, il s’est avéré important :