CHAPITRE 1 : DE LA NECESSITE DE L’EDUCATION DU PEUPLE A L’INSTRUCTION OBLIGATOIRE

‘“ Ouvrir une école, c’est fermer une prison “ Victor Hugo’

1.1 Les prémices de l’éducation du peuple

L’éducation du peuple s’est surtout développée à partir de la fin du XVIII ème siècle et de façon relativement plus importante au cours du XIX ème siècle, avec Jean Macé (1815-1894), qui a fondé en 1866 la Ligue de l’enseignement, qui devint le fer de lance de l’éducation populaire. Cependant, la préoccupation de l’éducation est bien plus ancienne et nous retrouvons l’existence de différentes idées et actions, qui remontent très loin dans le temps. Ainsi, Platon préconisait dans “les lois” une éducation “ que chacun doit toujours faire au cours de sa vie selon son pouvoir “, dans également dans le “Théetête“ le précepte “Connais-toi, toi-même“, pour acquérir sa propre autonomie. Les Romains voyaient déjà en l’école un instrument de pouvoir ; ainsi, ils créèrent des écoles municipales où l’on parlait latin. Cette disposition avait pour but d’interdire les écoles celtes des druides, considérées comme le ferment des révoltes populaires. Les écoles religieuses se développèrent sous Charlemagne. L’avènement de l’écriture fut consacré à la fin du XV ème siècle, l’ère Gutenberg avec la prolifération de l’imprimé. Celle-ci induit une nécessité d’alphabétisation et de promotion du livre, nouveau moyen de communication des idées et d’instruction.

Avec la Renaissance souffle également un vent d’idées nouvelles en matière de connaissances et de conceptions éducatives. Ainsi, Rabelais désire forger à la fois le corps, l’esprit et le caractère de Gargantua ; Montaigne insiste sur la sociabilité, la curiosité et la réflexion. A l’insécurité matérielle, liée aux conditions de vie que nous avons évoquées précédemment, vient s’ajouter le doute et l’insécurité spirituelle.

Cependant, la masse est soumise au pouvoir et l’Eglise enseigne que toutes les épreuves sur terre sont le prix à payer pour sauver son âme. Elle est la maîtresse toute puissante de la justice et de l’enseignement, se veut encore présente dans la pensée philosophique tout comme dans le pouvoir politique par le rôle que ses membres exercent, à tous les niveaux de la société.

L’Eglise est, ne l’oublions pas, depuis le début du XV ème siècle le plus puissant et le plus riche des féodaux. L’Eglise est la détentrice d’une vérité émanant de Dieu, seule vérité reconnue. La Réforme protestante puis la contre-réforme ou réforme catholique ont remis en cause l’Eglise et l’homme. Celui-ci qui auparavant ressentait le monde plus qu’il ne l’expliquait, se prend à chercher à le comprendre ; ainsi des lois évolueront en fonction des connaissances nouvelles. La nature se verra bousculée par la révolution de Copernic, puis les découvertes de Galilée. L’Eglise se rigidifiera et celui qui s’opposera par une pensée autre que la sienne, se trouvera hors la loi. Ainsi, Galilée dut se rétracter devant l’Inquisition. Face à ce durcissement, face au peuple qui souffre dans le doute et qui ne comprend pas ses abus, des voix réclameront une piété renouvelée, pour trouver un réconfort transmis par l’Ecole et L’Eglise. De nouveaux ordres couvrent tout le pays : Récollets, Jésuites, Capucins, organisent la reconquête religieuse des régions passées au Protestantisme. La majorité des communautés créées est féminine : Carmélites, Ursulines, Visitandines, etc... La concurrence entre Protestants et Catholiques issue des guerres de religion, aura eu au moins un effet bénéfique, celui de faciliter l’accés aux savoirs élémentaires : lire, écrire (avec l’essor de l’imprimerie). Les protestant prônent la lecture de la Bible. Ainsi Luther insistait auprès des magistrats allemands : “ Il nous faut en tous lieux des écoles pour nos filles et nos garçons afin que l’homme devienne capable d’exercer convenablement sa profession et la femme de diriger son ménage et d’élever chrétiennement ses enfants”. L’Ecole restera néanmoins l’apanage d’une minorité favorisée par le rang social, auquel peu de filles auront accès car l’Eglise interdit la mixité. Molière se moquera d’ailleurs dans les “femmes savantes“, d’une préciosité qui n’est plus en vogue et tourne en dérision l’éxcès c’est-à-dire le pédantisme, la cuistrerie. Il est en faveur de l’éducation des jeunes filles. Les congrégations féminines ouvrent au XVII ème siècle des écoles gratuites pour les pauvres. les Visitandines fondées en 1610 par François de Sales et Jeanne de Chantal, les Ursulines qui se proposent pour but principal et fin d’instruire les petites filles connaissent un essor remarquable : 65 couvents en 1620 et 300 en 1789.

Un courant venant d’Italie appelé les “humanistes” s’exprimera, parmi les penseurs de cette période, nous en retiendrons principalement un qui influença une pédagogie nouvelle.

Le tchèque Coménius ( 47 ) de son vrai nom Jan Amos Komensky , pédagogue du XVII ème siècle (1592-1670 ) considéré comme le Galilée de l’éducation, aux théories très modernes, associait déjà à l’éducation, l’idée d’intégration, de continuité : (former un homme complet) et également d’universalité : (former tous les hommes). C’est en 1657 à Amsterdam que parait l’édition intégrale en latin de son oeuvre maîtresse : L’Opéra Didactita, (La Grande Didactique) achevée en 1638.

Oeuvre dans laquelle il fait part de son ambition de créer une science de l’éducation. L’éducation étant pour lui, “ le chemin de la lumière “ seule capable de faire une humanité pacifique. ( 48 )

En parallèle de ces conceptions, d’autres réalisations concrètes ont vu le jour :

  • Les écoles des pauvres et Charles Démia ( 1637-1689 )
  • Les écoles dominicales, fondées par Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719) pour apprentis et ouvriers. A partir de 1678, il renonce à la carrière que pouvait lui promettre son rang, pour se consacrer à la scolarisation gratuite des pauvres.
  • Les formations professionnelles assurées par le compagnonnage,
  • La littérature de colportage.

Nous retiendrons les écoles des pauvres fondées par Charles Démia qui cherchent à favoriser l’accès au savoir des enfants les plus démunis qui sont aussi à l’origine des écoles dominicales de Jean Baptiste de La Salle. Charles Démia natif de Bourg-en-Bresse puis domicilié à Lyon, mérite qu’on le cite, non par chauvinisme régional mais pour reconnaître à cet homme oublié les actions entreprises. Egalement, l’oeuvre de Jean Baptiste de La Salle, issu d’une famille de notables rémois, il sacrifie une carrière pleine d’avenir pour se consacrer uniquement à la scolarisation gratuite des plus pauvres. A Paris, puis à Rouen, il installe en 1705, le séminaire des maîtres de l’Institut des Frères des écoles chrétiennes. Sa pensée pédagogique sera réunie dans : La conduite des écoles chrétiennes (1720). Uniquement implantés dans le milieu urbain, les “frères ignorantins” sont présents dans la moitié nord de la France, dans la vallée du Rhône, le Dauphiné, la Provence ainsi que le Languedoc.

En 1779, cet Institut dirige 32000 élèves dans 410 classes. L’école des fréres dispense une pédagogie initiée par les colléges d’humanités. La taille des établissements, fonctionnant avec au moins trois maîtres voire plus, favorise la création de classes de niveau dans lesquelles il est possible d’utiliser les mêmes livres ce qui permet de dispenser un enseignement simultané aux élèves. Le groupe d’enfants devient une classe. Cette pédagogie influencera la forme scolaire des siécles suivants. La France connut donc en 1709, le premier essai de cours pour les indigents, à l’initiative de Jean- Baptiste de la Salle ( 49 ).et de Monseigneur de la Chétardie (Curé de Saint-Sulpice). En 1783, Philipon de la Madeleine proposait l’institution de cours publics, qui étaient en fait les embryons de nos cours actuels pour adultes.

La lutte contre l’hérésie semble s’apaiser et la peur diminue dans le peuple. Ni le roi, ni son administration, ne paraissent favorables à l’instruction des paysans. Certains des propagandistes (et non les moindres) du siècle des Lumières aveuglés par leur élitisme ne voient pas l’utilité d’instruire le peuple. Ainsi, La Chatolais, dans son “Essai d’éducation nationale “ soutenait que : - “ Le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s’étendent pas plus loin que ses occupations “ ( 50 ).Voltaire souscrit par un courrier : “Je vous remercie de proscrire l’étude chez les laboureurs” ( 51 ).

Rousseau, tout en valorisant chez l’homme du peuple la proximité de la nature, assignait à l’éducation de protéger l’enfant de la civilisation en laissant à sa nature la possibilité de s’épanouir librement. Cependant, il semblerait qu’il ait eu un avis ambigu à propos de l’instruction en disant également: - “ N’instruisez pas l’enfant du villageois car il ne lui convient pas d’être instruit “. ( 52 ) Néanmoins, d’autres illustres penseurs, dont Diderot, le pus progressiste des philosophes ne partagent pas ce point de vue méprisant. Turgot estime : - “ Qu’un paysan a les mêmes organes qu’un homme né dans une ville “ et que “ le travail du corps ne les occupe pas assez, dans le premier âge, pour qu’on ne puisse avoir le temps de les instruire dans beaucoup de choses “. ( 53 )

Le bas clergé, proche du peuple, défendait également l’utilité de l’instruction. Ainsi, les curés de l’archiprêtré de Vézelay, en 1769, écrivaient ceci à leur évêque :“ Il n’est pas possible de former de vrais adorateurs de Dieu, de fidèles sujets du roi, de bons citoyens, sans le secours de l’instruction”.( 54 ) Notons, quelques pourcentages intéressants, à la fin du XVIII siècle, 37 % des Français sont capables de signer leur acte de mariage, contre 21% au 17 ème siècle. Nous voyons que les efforts des partisans de l’éducation populaire sont récompensés. Cependant, l’accès aux savoirs les plus élémentaires est encore très inégalement réparti. La moitié nord de la France possède un taux moyen d’alphabétisation de 60 %, le reste du pays de 20 %. Dans la France des villes et des campagnes les moins pauvres et les moins isolés sont les plus alphabétisés : nous retrouvons là, la permanence de la confrontation du peuple et de l’élite.

Les artisans de l’Encyclopédie ont eu un impact important sur les projets révolutionnaires. L’un d’eux, représentant l’esprit encyclopédiste au sein du mouvement révolutionnaire, Antoine CARITAT, Marquis de Condorcet (1743-1794), mathématicien, économiste, né à Ribemont, fut président de l’assemblée législative. Il s’empoisonna sous la Terreur pour échapper à l’échafaud. Son rapport fut le premier projet global d'un programme d’éducation nationale s’adressant à tous les âges. Pour Condorcet un devoir de justice s’impose et celui-ci passe obligatoirement par l’instruction nationale qui permet : “ d’établir entre les citoyens une égalité de fait et rendre réelle l’égalité politique reconnue par la loi “. Il l’a définie comme devant être indépendante du politique, du religieux et gratuite, tout comme continue et universelle.

Ce fut la fin du XVIII ème siècle qui eut une grande importance et une grande influence sur l’éducation des XIX ème et XX ème siècles. La Révolution posa le principe de la responsabilité de l’Etat en matière d’éducation. Napoléon réduisit son champ et privilégia l’enseignement secondaire et supérieur, en créant les lycées en 1802, l’Université impériale en 1806, Saint-Cyr et l’Ecole normale de Paris en 1808 et négligea l’éducation du peuple et des filles.

Cependant, au cours de la période napoléonienne, les industriels commencent à se préoccuper des questions de formation et d’enseignement. Ils fondent deux sociétés qui ont joué un rôle important pour l’évolution de l’éducation populaire. Ce sont : “La société d’encouragement pour l’industrie nationale,“ créée en 1801, et, surtout,“ La société pour l’instruction élémentaire “. Cette seconde se propose de développer en France une expérience nouvelle expérimentée en Angleterre :

“ L’enseignement mutuel “. Il nous parait intéressant de présenter cette expérience car nous retrouvons là une ressemblance pédagogique avec certaines actions menées actuellement avec des enfants issus de quartiers sensibles. Jusque là, on rencontrait dans l’enseignement élémentaire essentiellement deux méthodes utilisées sur le faible pourcentage d’enfants scolarisés : la méthode individuelle et simultanée. Dans ces deux méthodes, le seul détenteur du savoir était le maître. L’enseignement mutuel, novateur dans sa pédagogie privilégiait les connaissances de l’enfant et utilisait les capacités d’un enfant plus agé pour transmettre ses connaissances aux plus jeunes.

Joseph HAMEL définit cette nouvelle méthode ainsi :

‘“Le principe fondamental de cette méthode consiste ... dans la réciprocité de l’enseignement entre les écoliers, le plus capable servant de maître à celui qui l’est moins et c’est ainsi que l’instruction est simultanée, puisque tous avancent graduellement, quel que soit d’ailleurs le nombre d’élèves“. ( 55 )’

La fin du 18 ème siècle et le 19 ème siècle connurent de grands changements technologiques et industriels, la formation des individus se devait également d’évoluer, et ceci pour différentes raisons d’ordre économique, social et politique. L’instruction devait être un moyen pour enrayer la petite délinquance, l’inadaptation sociale, et également pour développer la morale, afin d’accéder à un nouveau statut social. Le Baron Dupin en 1826 s’adressait en ces termes aux chefs d’industrie et au conservatoire des Arts et Métiers : - ”Dès qu’un établissement d’industrie est un peu considérable, soit qu’il exige un matériel de grande valeur, soit qu’il exige un personnel nombreux d’ouvriers, de manoeuvres, de porteurs, de gardiens, ...,“

Il faut des chefs, des sous-chefs d’ouvrage, d’inspection, de comptabilité. Ces chefs, ces sous-chefs doivent tous savoir lire, écrire, et compter pour tenir note des ordres, des commandes qu’ils reçoivent et qu’ils transmettent, des distributions, des recettes, des paiements et des simples laissez-passer dont ils sont chargés “.( 56 ) L’enseignement mutuel a tout d’abord été un élément de réflexion sur l’enseignement. L’histoire de l’éducation ne pourrait s’étudier sans y faire référence. Ses promoteurs, les animateurs de la société pour l’instruction élémentaire, ont multiplié les créations : salle d’asile (école maternelle), école du soir, bibliothèques, établissements féminins, cours d’adultes, cours pour la formation des maîtres. Enfin, l’enseignement mutuel fut précurseur en matière de formation pour adultes, appelée plus tard, la formation permanente. L’enseignement mutuel, répondant aux données matérialistes de l’époque, subit de violentes attaques de la part de l’Eglise qui, vu son succès, eut tendance à considérer cet enseignement comme un concurrent important.

Le Préfet de la Seine fait ouvrir, en 1821, deux écoles pour les ouvriers adultes. Un journal périodique animé par les membres de “ La société pour l’instruction élémentaire “ informe régulièrement ses lecteurs sur le développement de cette forme d’enseignement, c’est le journal d’éducation. Dès 1822, trois autres cours pour adultes ouvrent leurs portes. A Paris, le nombre de cours pour adultes passe de six en 1828 avec 238 élèves, à vingt trois en 1834 avec 1280 élèves. Dans ces cours d’adultes, l’enseignement dispensé recouvre surtout des cours de dessin et d’instruction primaire. Ces cours étaient jugés favorables au perfectionnement professionnel et au maintien de la paix sociale. La majeure partie de ces cours est administrée par la ville de Paris. En province, ces cours d’adultes sont organisés par les industriels eux-mêmes. Dans les houillères d’Aniche, on ouvre en 1827 une école pour 400 ouvriers et 200 de leurs enfants, à Munster, les écoles du soir accueillent 300 enfants travaillant dans les fabriques. Près de Tenasson, dans les usines du lardin, 75 élèves adultes et enfants sont inscrits à l’école du dimanche. En 1828 , la société d’instruction élémentaire du Rhône ouvrait à Lyon des cours du soir et du dimanche pour enfants et adultes suivant le mode mutuel.

Ces différents organismes ouvrant des cours pour enfants et adultes convergent sur l’idée pédagogique de l’enseignement mutuel. Ainsi la Société pour l’instruction élémentaire estime que :

‘“Pour un but utile et tout à fait moral, la jeunesse est réunie dans divers lieux pendant les deux heures de la journée les plus faciles à l’exigence des passions et les plus inquiétantes pour les pères de familles“. ’

En 1820, il y avait 1300 écoles mutuelles. Cependant les Catholiques inquiets du développement de cette méthode pédagogique d’origine anglaise et protestante et en contestaient la valeur en lui opposant la méthode “simultanée” des Frères des écoles chrétiennes dans laquelle la notion de réciprocité n’existait pas étant donné que seul le maître détient le savoir. Une intense polémique qui se transforme en conflits scolaires oppose les partisans de ces deux méthodes. Les écoles mutuelles déclinent au profit des écoles congrégationistes qui se multiplient. C’est en 1830 que l’Etat décide de développer les cours pour adultes au niveau national.

Au début du XIX ème siècle la journée était si longue que “ vivre pour l’ouvrier, c’est ne pas mourir“ ( 57 ). En 1830 la durée hebdomadaire du travail était de 75 heures. En 1874, l’âge requis pour travailler en usine est 12 ans. Revenons en 1830 : Guizot, à la tête du ministère de l’instruction publique, recense un taux important d’illettrés. 57 % des conscrits ne savent ni lire, ni écrire en 1827. Pour enrayer cette évolution négative, Guizot propose une loi qui est adoptée le 28.06.1833 prévoyant l’importance de l’enseignement post-scolaire.

‘“ Il doit exister au delà des écoles primaires, pour les jeunes gens ou pour les hommes faits qui n’ont pu en profitée, des établissements spéciaux où la génération laborieuse déjà engagée dans la vie active puisse recevoir l’instruction qui a manqué à son enfance, je veux parler des classes d’adultes “. ’

La loi Guizot représente une injonction aux municipalités de construire et d’entretenir une école dans chaque commune. Ainsi, le nombre d’écoles passe de 30 000 en 1829 à 63 000 en 1848. Cette loi est considérée comme une des meilleures portant sur l’enseignement primaire.

Elle permit à l’enseignement de prendre ses distances et son indépendance par rapport aux autorités religieuses. Les écoles se multiplièrent en 1830 : 2791 nouvelles communes avaient un instituteur. Alors que les écoles se développent, dans le même temps et dans le même esprit charitable des dames patronnesses, Mme de Pastoret, en 1825, a réuni dans une salle appelée salle d’asile (sans doute pour éviter un exil) quatre vingt enfants. Grâce à certains notables, l’ancêtre de l’école maternelle était née. En 1836, il existe une centaine de salles d’asile. Cette croissance du nombre de ces salles gérées sans aucun contrôle, nécessita de lui donner un cadre. Ce fut le 22 décembre 1839 qu’une ordonnance définit les salles d’asile comme “des établissements charitables où les jeunes enfants peuvent recevoir une surveillance matérielle et la première éducation que leur âge réclame”.

En 1828, inspirée par un voyage outre-manche, Mme de Pastoret ouvre avec beaucoup de difficultés, une crèche à Paris avec 12 enfants. Cette initiative sera reprise en 1844 par F. Marbeau, adjoint au maire du 1er arrondissement de Paris. En 1879, 172 crèches fonctionnent dont une trentaine à Paris.

Une telle évolution suppose une intervention grandissante de l’Etat, c’est-à- dire une laïcisation progressive de l’éducation. Cependant, la loi Guizot conserve l’instruction religieuse tout comme elle autorise les écoles privées. La loi Falloux du 15 mai 1850 permet aux congrégations l’ouverture sans autorisation, d’écoles privées ou libres d’enseigner, le contrôle étant limité aux seules conditions d’hygiène.

Les Républicains manifesteront leur inquiétude quant à l’importance prise dans l’enseignement par les congrégations nées à la faveur de la loi Falloux. L’instruction des classes populaires commença à inquiéter. Guizot le faisait remarquer en 1847 : "L’invasion des classes pauvres par l’instruction est un élément qui doit miner la société dans ses fondements “. C’est la 3 ème République qui organisera réellement l’enseignement primaire (lois Jules Ferry et Paul Bert) .

Notes
47.

Jan Amos COMENIUS ( 1592-1670 ) Olivier Cauly, Coménius, Paris, Le félin 1995.

48.

Jan Amos COMENIUS ( 1592-1670 ) Olivier Cauly, Coménius, Paris, Le félin 1995.

49.

La France à l’école, Yves Gaulupeau, Paris, Découverte Gallimard coll histoire, 1992, p 15, 16, 20, 21, 22.

50.

La France à l’école, Yves Gaulupeau, Paris, Découverte Gallimard coll histoire, 1992, p 15, 16, 20, 21, 22.

51.

La France à l’école, Yves Gaulupeau, Paris, Découverte Gallimard coll histoire, 1992, p 15, 16, 20, 21, 22.

52.

La France à l’école, Yves Gaulupeau, Paris, Découverte Gallimard coll histoire, 1992, p 15, 16, 20, 21, 22.

53.

La France à l’école, Yves Gaulupeau, Paris, Découverte Gallimard coll histoire, 1992, p 15, 16, 20, 21, 22.

54.

La France à l’école, Yves Gaulupeau, Paris, Découverte Gallimard coll histoire, 1992, p 22.

55.

Joseph HAMEL , L’enseignement mutuel , 1818 , p . 1,2 in Histoire mondiale de l’éducation, publiée sous la direction de Gaston Mialaret et Jean Vial, Tome 3, de 1815 à 1945, PUF. 350 p.

56.

Journal d’éducation, t. 19, 1826-1828, p. 108 et 109 in Histoire mondiale de l’éducation, publiée sous la direction de Gaston Mialaret et Jean Vial, Tome 3, de 1815 à 1945, PUF. 350 p.

57.

Docteur GUEPIN , Histoire mondiale de l’éducation, publiée sous la direction de Gaston Mialaret et Jean Vial, Tome 3, de 1815 à 1945, PUF. 350 p.