2.1 l’instruction primaire obligatoire et gratuite

Cette obligation constitue, un devoir pour les familles d’instruire leurs enfants et pour l’Etat qui a la charge de mettre en oeuvre des moyens pour y remédier tels que la création d’une école dans chaque commune, la gratuité de l’enseignement dispensé et la laïcité qui assure la neutralité de l’enseignement public et laisse ainsi l’éducation religieuse à la famille ou au clergé. Toutes ces dispositions font l’objet de plusieurs lois celle du 16 juin 1881 pour la gratuité de l’enseignement primaire, du 21 mars 1882 pour l’organisation d’un enseignement primaire public pour les enfants des deux sexes de 6 à 13 ans, l’enseignement religieux sera facultatif et organisé en dehors des établissements scolaires ; le 30 octobre 1886 : la loi Goblet laïcise le personnel enseignant ; enfin celle du 9 juillet 1889 donnera à l’Etat la charge du traitement des maîtres, qui deviennent ainsi fonctionnaires. En 1905, le 9 décembre, une loi instaure la séparation de l’Eglise et de l’Etat. L’Eglise se sentant dépossédée, engage la guerre scolaire, qui ne s’interrompra qu’avec la 1ère guerre mondiale de 1914. Les programmes établis entre 1882 et 1887 en sciences physiques et naturelles, en histoire géographie sont dans l’esprit des lois Guizot et Duruy. Ils seront utilisés jusqu’en 1923, date où il sembla opportun de les simplifier tout en coordonnant davantage les différentes disciplines.

Cependant, l’obsession du certificat d’études, sacrement civil important, poussait les auteurs de manuels scolaires et les enseignants à faire “ ingurgiter “ de nombreuses connaissances, et ainsi à risquer de faire de cette première formation un diplôme élitiste pour l’époque.

La France reste un pays rural, les parents, des paysans souvent analphabètes, ne comprenaient pas toujours l’utilité de l’Ecole. Celle-ci enlevait des bras à la ferme. Comme elle était facteur de cohésion nationale, et demandait aux petits Basques, Bretons ou Auvergnats d’abandonner leur patois au profit de la langue française, les parents de ces enfants ont pu craindre une destitution de leur autorité et de leur culture. L’Ecole est également un vecteur de conservatisme social : elle enseigne les valeurs inhérentes au citoyen, à l’homme, au soldat et au travailleur sans inciter à une véritable ascension sociale. En 1884, 74 000 écoles existent avec 120 000 maîtres. Beaucoup de classes fonctionnent avec un seul maître pour toutes les classes d’âge. Malgré tout, l’enseignement, en se banalisant, a permis d’accroître la durée de la scolarisation obligatoire et de faire reculer l’illettrisme : l’interrogation des conscrits permet d’avoir des données sur l’illettrisme de ces derniers. Les illettrés complets sont 58% en 1827, 38% en 1845, 20% en 1868, 15% en 1880. En 1906, les rudiments de l’instruction semblent acquis par les neuf dixièmes des hommes et femmes.