4.2.2 : Savoirs disciplinaires et maîtrise de ce savoir

Après avoir constaté la rapidité avec laquelle les savoirs évoluaient, donc l’importance d’une démarche méthodologique qui viserait une constante capacité d’adaptation, la question de la nécessité d’enseigner des savoirs disciplinaires se pose. Une fois la méthode acquise, celle-ci peut être transposée dans d’autres disciplines. Il nous semble également qu’il faille de la matière, qu’elle soit disciplinaire ou éloignée des contenus disciplinaires purs, pour donner l’entraînement nécessaire, comme une gymnastique matinale qui évite au corps d’être “rouillé“. Cet entraînement permettra ainsi la maîtrise des réflexes intellectuels (comme un sportif possède la maîtrise de son corps) et une certaine souplesse intellectuelle. Il est intéressant de noter que différentes disciplines peuvent solliciter la même opération cognitive, favorisant la capacité de transférabilité des connaissances à d’autres domaines, non obligatoirement disciplinaires. Enfin, il semble nécessaire de ne pas avoir une analyse manichéenne, qui opposerait irrémédiablement méthodologie et savoirs disciplinaires.

Néanmoins, il est important de préciser que le rapport aux savoirs n’est pas uniquement un rapport intellectuel ; d’autres paramètres entrent en interaction ; ainsi, les dimensions psycho-sociologiques et sociales sont des pistes à ne pas négliger. Pierre Bourdieu estime que le rapport aux savoirs est, pour certaines classes sociales, un moyen de se distinguer, en montrant uniquement qu’elle savent et elles n’apprennent donc que pour cela. ( 66 )

En conséquence, nous ne soutiendrons nullement une démarche qui tendrait à privilégier uniquement la méthodologie, - celle-ci étant simplement, à nos yeux, une première étape des composants d’une pédagogie dynamique dénuée de tout fatalisme -, dans la mesure où nous croyons au contraire dans les possibilités d’évolution des structures mentales et dans l’influence de différents facteurs d’ordres social, économique et culturel.

Notes
66.

BOURDIEU Pierre, La distinction, critique sociale du jugement, Paris, Éditions de Minuit, 1985.