5.2.4 : Les facteurs concernant l’environnement éducatif

Etre issu d’un milieu socialement défavorisé n’entraîne pas inexorablement un échec futur. De même, le fait d’être né dans un milieu socialement élevé ne garantit nullement la réussite cependant ce sont d’autres problématiques qui entrent en jeu. Cherchant à faire ressortir les points communs entre des élèves d’une même classe de terminale, E. Esperet ( 74 ) , dans ses travaux, a mis en avant que, en dehors de toute origine sociale, les familles où l’on réussit ont toutes en commun les points suivants :

A l’inverse, des difficultés sont constatées dans les familles où l’on note :

Certains parents, nous l’avons vu, vivent l’école comme un lieu qui les dévalorise par rapport à leur propre culture, parce qu’elle induit un autre système culturel et d’autres valeurs. ils ne peuvent se retrouver à travers elle (Connaissances, valeurs différentes, non prise en compte du mode de vie de l’enfant , élitisme...). Aussi ne peuvent ils pas s’investir dans la réussite scolaire de leur enfant.

Celui-ci ne se sent pas soutenu, dans sa scolarité, par ses parents. Nous sommes là dans la dynamique du principe de désir et de plaisir (cela se vérifie surtout pour les garçons, les filles investissant beaucoup plus dans leur formation ).

L’attitude des parents dans la réussite ou dans l’échec scolaire des enfants est un facteur important que nous avons pu observer dans nos expériences de prévention spécialisée. Toute stratégie de prévention ou de remédiation doit obligatoirement associer les parents, qu’ils soient analphabètes ou très cultivés. Ils ont un rôle déterminant pour la motivation de leurs enfants. Sans motivation, tout progrès est difficilement envisageable. Pourquoi ce rôle est-il sous-estimé par le système scolaire ? Comme nous l’avons déjà noté, auparavant il n’était pas dans la tradition d’associer les parents aux travaux de l’école car ceux-ci, des paysans, souvent analphabètes, ne comprenaient pas toujours son utilité. Puisque l’Ecole privait d’une main d’oeuvre.

Il n’est toujours pas dans la tradition de les considérer comme des partenaires éducatifs car le rôle de l’enseignant, qui n’a plus le même statut, est discuté. On assiste aujourd’hui à une multitude de références éducatives et à des rapports de rivalité ou de crainte et de méfiance entre les parents et les enseignants. Les parents peuvent être à la fois des “usagers“ (l’on retrouve ici la notion de délégation de pouvoir et de déparentification) ou des “concurrents“ (s’ils ont un niveau socioculturel au moins égal, si ce n’est plus élevé que l’enseignant) ou enfin des “emmerdeurs ou des alliés” ( 75 ). Il est difficile d’entrevoir une collaboration dans cet état d’esprit et les enfants sont sensibles à ces sentiments. Ces constatations, parmi d’autres, révèlent une incompréhension entre les différents partenaires.

Cependant, la réussite d’un enfant dépend également du regard que porte son enseignant sur lui et de la considération qu’il a de son travail. Nous citerons ici R. Rosenthal et L. Jacobson : “ Par la communication de son espérance, le maître modifie la conception que l’enfant a de lui-même, la confiance en ses propres possibilités, ses motivations, sa maniére d’apprendre et ses aptitudes.” ( 76 )

Notes
74.

Eric ESPERET. Langage et origine sociale des élèves, Berne, Peter Lang, 1979

75.

“Forum”, le Monde de l’Education, N°264, novembre 1998, p 25 à 29.

76.

Pygmalion à l’école, Éditions Casterman, Paris, Tournai, 1972.