5.3.1 La norme dans le système éducatif

Depuis un siècle et demi, avec les lois de Jules FERRY, un processus unique s’est mis en place : un effort très important de normalisation. On a homogénéisé, égalisé. Les patois ont été pourchassés et les petits Martiniquais ou Antillais ont appris que leurs ancêtres étaient les Gaulois. Les raisons de cet état de fait, ont très certainement des origines historiques et politiques. Arrêtons-nous un instant sur cette citation de ROBESPIERRE :

‘“Ainsi, depuis cinq ans jusqu’à douze, tout ce qui doit composer la République sera jeté dans un moule républicain. Là, traités tous également, nourris également, vêtus également, enseignés également, l’égalité sera pour les jeunes élèves, non une spécieuse théorie mais une pratique continuellement effective.“ ( 78 )’

Au lendemain de le Révolution, dans le contexte socio-politique de l’époque, la nécessité d’une grande union nationale était impérative, et ce, au détriment de tout particularisme. De plus, il existe une tradition séculaire d’omniprésence de l’Etat et de son centralisme qui, depuis, n’a eu de cesse, toutes tendances politiques confondues, de chercher à “améliorer“ le système égalitariste. La philanthropie n’est pas toujours à l’origine de cette démarche : pour certains, celle-ci correspond à des convictions humanistes, tandis que pour d’autres le but recherché n’est que d’éviter le désordre social. A cela s’ajoute encore une lourde administration centrale. Depuis ROBESPIERRE, l’image du “moule unique” perdure mais il semble que la réalité actuelle appelle à le casser, pour prendre en compte les élèves et leurs différences : ceci afin que l’enseignement s’adapte aux diverses particularités ainsi qu’aux nouvelles données de notre temps, qu’elles soient sociales, culturelles ou économiques.

Notes
78.

Citation de Robespierre in L’échec à l’école, échec de l’école. Ouvrage coordonné par B. Pierre IMBERT, Neuchâtel et Paris 1992 p 11.