5.3.2 : L'aspect homogène ou hétérogène de la classe

Référons-nous, pour aborder cet aspect, à la notion “d’école compréhensive”, ou compréhensive school ( ⁷⁹ ), qui est un concept anglais de l’école. Celle-ci accueille tous les enfants avec leurs différences. Cette école se base sur une idée égalitaire par laquelle tous les élèves ont des chances égales. En effet, cet enseignement est centré sur l’élève et s’adapte très bien à l’hétérogénéité au sein de la même classe. A celle-ci s’oppose la classe homogène, qui est, de fait, beaucoup plus aisée à gérer et où l’enseignement y est plus facile.

C’est un grand débat, à la fois idéologique et pédagogique. Certains pensent que cette hétérogénéité donne lieu à des échecs par les inégalités qu’elle révèle et qu’elle renforce. A l’inverse, d’autres estiment qu’une classe homogène pose également des problèmes à plus long terme, car elle serait à l’origine des différences qui peuvent être source de ségrégation et d’exclusion. En fait, le changement est très difficile à opérer car, dans ce domaine, les traditions sont pesantes et les systèmes varient suivant les pays. Nous distinguerons deux types d’enseignement : L’enseignement de type magistral et celui de type tutoral.

• Le premier prend en compte une classe et donc parie sur l’homogénéité. Pour que cet enseignement réussisse, il y a deux solutions : soit les filières opèrent un tri parmi les élèves en fonction de leur niveau, comme cela se passe en Allemagne et au Luxembourg ; soit le redoublement élimine les élèves en différant leur passage dans la classe supérieure ; c’est le cas de la France. Suivant la sensibilité, les filières créent une ségrégation mais l’enfant avance dans sa scolarité ; le redoublement, qui n’est peut-être dû qu’à un échec partiel dans une discipline, fera perdre du temps dans la scolarité de l’enfant dans d’autres domaines et pourra générer un échec plus massif, bien que souvent ce soit toute l’équipe enseignante qui s’accorde à faire redoubler un élève.
• Le second est centré sur l’enfant ; il est pratiqué au Danemark et dans le Royaume-Uni. Il suppose l’hétérogénéité des élèves. L’enseignant ne prend pas en compte une classe mais des individus. Ce système ne permet aucune comparaison ni émulation et comporte le risque de n’offrir aucun repère à l’enfant ; son salut sera dans la qualité de l’interaction qui existe entre l’enseignant et lui.

Cette petite étude comparative entre les deux types d'enseignement, nous permet de dire avec humour que nous sommes loin de faire l’Europe de l’enseignement.

Plus sérieusement, cette distinction nous inspire trois réflexions ; aucun de ces deux systèmes n’est vraiment satisfaisant, et réalisable en France dans de bonnes conditions compte tenu du sureffectif des classes qui interdit d’envisager un enseignement de type tutoral. En revanche, un enseignement de type magistral, avec des classes à lourd effectif, doit obligatoirement se situer entre l’enseignement et l’instruction, et non avoir la prétention de faire de l’éducatif, au risque d'un énorme gâchis.

Les latins disaient : “la vertu est au milieu“. Fort de cette expression, il nous semble que la prise en compte des élèves en difficulté serait favorisée par un enseignement alternant cours magistraux et tutorat dans des classes à moindre effectif Cette organisation devrait pouvoir optimiser les deux types d’enseignement tout en limitant leurs défauts.