3) Les devoirs à la maison à l’école primaire

Les devoirs à la maison sont interdits à l’école primaire (BO de septembre 1986). Il est bien clair que nous ne prônons ni le laxisme, ni la démission des parents. Nous défendons tout simplement le fait que les enfants puissent travailler et faire leurs devoirs efficacement au sein de la classe, avec un instituteur qui puisse réellement les accompagner dans l’acquisition des savoirs et dans l’organisation méthodologique de ces apprentissages. Les classes de CM2 et 6 ème représentent un important point de rupture. Ainsi, cet apprentissage nous semble primordiale pour assurer l’autonomie des enfants, dans la réalisation et l’organisation méthodique de leur travail scolaire afin de préparer leur entrée au collège. L’école ne doit pas déléguer ce qui est du domaine de sa responsabilité et sa mission première. Si ce travail méthodologique est fait correctement en primaire, il est vraisemblable que l’invariant que représente l’environnement social, verra ses effets limités.

Les devoirs à la maison constituent également, l’une des plus grandes inégalités visibles. Dans la seconde partie de notre recherche, où nous présentons l’expérience d’AEPS, nous mentionnons notre scepticisme quant au soutien scolaire et à la réalisation de devoirs faits à la maison pour la raison suivante : nous pensons que cela ne peut que renforcer la dynamique d’échec parce que ce type d’activité favorise la reproduction du schéma de l’école. Après 6 heures de classe, les enfants ont besoin d’autre chose et il parait illusoire de penser enrayer l’échec scolaire en poursuivant dans cette voie. Une action qui se veut éducative ne peut cautionner cette erreur.

Tous ces éléments, jouent inévitablement un rôle. Soyons pragmatique et considérons qu’en dehors de toute notion de niveau socio-culturel, de démission de certains parents, de problèmes culturels, s’ajoute également, et ce dans tous milieux confondus, la non disponibilité des parents, pour raisons professionnelles (lorsque les parents rentrent à 19 heures, voire 20 heures où lorsqu’ils travaillent de nuit, il n’est plus temps de s’occuper des devoirs car, nous l’avons relevé précédemment, les rythmes des enfants doivent être respectés). Si l’on pense indispensable, dans l’intérêt de ceux-ci qu’ils soient couchés à 20 h 30, 1 h 30 ne nous semble pas de trop pour la vie de famille. Nous ne pouvons invoquer les dysfonctionnements familiaux sans rappeler cette réalité. Les réalités présentées précédemment sont à prendre en considération. Les inégalités sociales prennent ici toute leur ampleur. C’est ainsi qu’un enfant qui n’aura personne pour le soutenir et l’aider, risquera de s’enfoncer dans la difficulté scolaire et, quand celle-ci aura produit tous ses effets, dans l’échec scolaire irréversible.