1.1 Les questions sociales liées à l’inadaptation et à l’exclusion

La question de l’inadaptation sociale s’est imposée dès la naissance des groupes humains et des sociétés. Les troubadours, sorciers, hérétiques, malades mentaux, etc ... représentaient également les exclus et les marginaux d’une époque appelée le Moyen Age. Puis, la pauvreté a renvoyé à des réponses de charité et de bienfaisance, avec l’intervention des institutions religieuses au XVII ème siècle. Toutefois, ces exclus demeuraient dans leur état de pauvreté, et il n’était pas question d’envisager un quelconque renversement de situation. Gardons, néanmoins un regard critique sur les motivations de cet altruisme, et réfléchissons de façon objective sur les possibles origines obscures de cette philanthropie, qui ne nous laissent que peu d’illusions, sauf à croire en quelques humanistes résistant aux différents pouvoirs en place.

Dans les sociétés dites traditionnelles, les invalides, ceux qui ne pouvaient subvenir à leurs besoins fondamentaux, étaient pris en charge par le clan, la tribu. Cela reste vrai, dans certaines régions du monde, dans les sociétés qui fonctionnent encore de nos jours de façon traditionnelle, (coutumière, pourrait-on dire, avec les précautions d’usage à prendre avec ce type de généralisation). On évoque le terme d’invalides connus. Progressivement, à mesure que la société se transforme, que ses membres sont dans des liens sociaux plus étendus, plus globaux, et sur un mode plus marchand, l’invalide devient moins proche, moins connu. C’est, approximativement à partir du Moyen-Age, que nous voyons apparaître cette notion d’invalides inconnus, c’est à dire non référés à une famille élargie, un clan, une tribu, qui sont pris en charge de façon charitable. Dans le même temps, la société rurale, pour différentes raisons, ne peut absorber toute la main-d’oeuvre disponible, d’où l’émergence, jusqu’à nos jours, d’un certain nombre de personnes qui n’ont plus de place, des “surnuméraires”, comme le dit Robert Castel. Ces derniers sont en trop sur le marché du travail, et mènent une vie d’errants (perçus comme dangereux, donc à exclure), de vagabonds, souvent assimilés à des brigands, appelés aujourd’hui SDF ou exclus.

On retrouve ces deux catégories d’inadaptés, de marginaux, les invalides inconnus et les brigands, de façon récurrente, tout au long de l’évolution de notre civilisation jusqu’à nos jours.