2.5.2 : De la notion d’aide à la notion d’autonomie

Etre dans cette démarche de rencontre avec l’autre, en l’acceptant tel qu’il est, représente une condition nécessaire pour susciter une autre demande, dynamiser, mettre en mouvement, rendre du pouvoir aux personnes.

Coller à la réalité sociale, c’est avoir conscience que tout projet se construit à partir de soi. Cela participe d’une démarche inverse de celle à laquelle les personnes en situation d’insertion sont habituées ; à savoir définir leur but en fonction des propositions et/ou des solutions toutes prêtes qu’elles trouvent dans les institutions ou administrations qu’elles fréquentent. Situations qui empêchent le choix donc qui créent un état de mal-être et un sentiment d’insécurité démotivants et porteurs d’échec (“rien ne dépend de moi, tout m’échappe”). Nous pensons que les personnes doivent définir elles-mêmes un but en fonction de leurs besoins, leurs aspirations et leurs capacités. Elle redeviennent des interlocutrices à part entière.

Le professionnel doit “se mettre en capacité” de sortir de son propre cadre de référence, de se détacher de ses propres modèles de pensée et points d’ancrage, maîtriser ses propres désirs par rapport à l’autre. Comment pourrait-on faire le bien de l’autre à sa place ?

Ce sont les participants qui nous apprennent la modestie par rapport aux actes que nous posons. Ils nous permettent de relativiser notre statut, notre fonction. C’est ce qui donne une plus-value d’efficacité à notre intervention, favorise notre capacité à créer. Nous devons nous déposséder du pouvoir que nous confère notre position professionnelle en transmettant aux participants certains de nos savoir-faire.

Maintenir des situations de gestion de la misère, de plainte, c’est entretenir des rapports de pouvoir et ête dans le contrôle. Accompagner les individus dans une démarche, dans un projet, dans une prise de parole, les aider à grandir, à découvrir leurs capacités, réapprendre à les utiliser, c’est à l’inverse, leur permettre de poser des actes concrets et de s’exprimer sur les prises de décision qui les concernent. De telles pratiques sous-tendent de faire accepter aux partenaires sociaux, financiers et politiques, l’absence d’effets immédiats quantitatifs à travers des statistiques, dossiers ou fichiers.

Il s’agit de faire reconnaître l’intérêt d’un travail relationnel évaluable qualitativement, sur le long terme, à partir de la prise de conscience des participants de leur propre cheminement. C’est aussi reconnaître que les personnes sont en capacité de s’exprimer et de maîtriser ce qu’elles vivent.