5.2 : Quel positionnement pour les professionnels du champ social ?

Comme nous l’avons démontré, il est indispensable de repenser nos pratiques. Celles-ci sont directement liées à un contexte plus général, qui leur donne du sens. Elles évoluent en fonction d’une société en changement. La modernité, qui devrait être synonyme de progrès, devient “désintégrante” pour certains. Face à ces transformations sociales, soit nous continuons de gérer, à travers la mise en place de dispositifs coûteux, les individus considérés comme les moins productifs dans l’économie traditionnelle ; soit nous acceptons de reconnaître des initiatives nouvelles, qui soutiennent et accompagnent les personnes ou les groupes sociaux “fragilisés” vers plus de responsabilité.

Le maintien de la cohésion sociale passe par une reconnaissance du droit, pour tous, de trouver une place dans la société. Cela signifie, pour l’Etat, les collectivités territoriales et leurs représentants, d’en être les garants à travers la reconnaissance et l’utilisation des expériences qui se développent dans la société civile et qui partent des initiatives locales.

Le sens du travail social est constamment à réinventer en fonction de l’évolution du contexte social, pour ne pas perdre de vue l’usager en tant que personne. Cette réflexion de fond représente un point d’ancrage des pratiques des professionnels. Il n’y a pas de paroles ou d’actes magiques mais des stratégies à mettre en place pour que se développe le positif de chacun. Il ne s’agit pas de changer les personnes mais, en investissant la sphère du public, de rendre possible une évolution, ou la mise en possibilité pour eux de choix alternativement individuels et collectifs. Cette posture est de nature à réunifier et à créer une transversalité des rapports sociaux. Elles renforcent ainsi un tissu social distendu en opérant un remaillage.

Notre rôle consiste donc à recréer les éléments permettant une appartenance des individus à la société. Si nous n’inversons pas cette tendance à l’assistance généralisée, nous perdrons notre dimension et nous changerons la nature éthique et politique du travail social.