2 Élaboration d’une stratégie de transformation

Notre réflexion concernant l’Action Sociale ainsi que nos différentes expériences se rejoignent, c’est pourquoi nous sommes convaincu de l’importance de l’insertion sociale des parents comme facteurs de socialisation des enfants ainsi que de celle de la prise en compte du groupe d’appartenance dans l’évolution de chaque individu. Notre réflexion sur la communication et les rapports sociaux nous a sensibilisé au code préétabli qui s’impose dans toute communication entre deux êtres humains. Nous serons sensible au jeu des représentations et des attentes sociales créé à partir de la condition sociale respective des différents interlocuteurs. Cette élaboration a pris en compte la notion d’aide (travail social) et les différents paradoxes (évoqués précédemment) qui s’y côtoient. Nous avons donc été vigilant vis-à-vis du phénomène de mise en subordination dans la définition même “d’un problème posé par le comportement d’un autre ou des autres” car la question conditionne bien souvent la réponse. Notre conviction nous conduit à penser que celui qui se rend maître de la définition du problème se rend également maître de la solution.

En guise d’illustration, nous reprendrons une image empruntée à l’informatique qui traduit l’action de subordonner un ordinateur à un autre, les informaticiens nomment l’un “le maître” et l’autre “l’esclave”.

Nous retrouvons là le dilemme angoissant devant lequel est placé ou se place souvent le travail social. Le travailleur social ou son institution ne peuvent prétendre être efficaces si l’usager ne peut parvenir à un fonctionnement autonome. Un individu ne peut prétendre être autonome s’il n’est pas maître de la question et, en conséquence, de la construction de sa solution. Mais que faire si la notion d'autonomie est niée dés le départ, et que la solution est toute trouvée par le travailleur social ? Ainsi, si le politique désire régler le problème social, sa stratégie est erronée car le travailleur social devient celui qui interdit l’autonomie. L’expérience nous montre souvent que l’investissement de celui dont on dit “qu’il pourrait mieux faire” diminue en fonction de l’investissement de l’intervenant social, dont on pense a priori “qu’il sait mieux faire”. La présence des îlotiers dans un quartier peut, certes, rassurer mais entraîne également un désinvestissement des habitants dans la régulation sociale. La suractivité des travailleurs sociaux qui ne se situent pas dans une démarche d’accompagnement mais dans le “faire” peut vider un quartier de sa dynamique. Enfin, pour terminer, que dire de ceux qui, témoins en groupe d’une agression dans la rue, le train ou le métro, restent sans réagir mais réclament plus de policiers ?