1.2.1.e Implication du système efférent

Hazell (1987) a suggéré qu’un des mécanismes de génération de l’acouphène impliquerait le contrôle par le système efférent des processus actifs de la cochlée. Le système efférent olivo-cochléaire médian (SEOCM) innerve à la fois les fibres afférentes provenant des CCI et celles provenant des CCE. Les fibres innervant les CCE exercent un contrôle inhibiteur sur les propriétés contractiles des CCE et peuvent réguler les mouvements de la membrane basilaire. Une lésion locale des CCE et/ou des CCI induirait donc une diminution des informations provenant de cette région, entraînant en retour une levée de l’inhibition exercée sur les CCE par le SEOCM. Comme l’innervation efférente est diffuse, cette dernière affecterait aussi des régions intactes adjacentes à la zone lésée. Ceci engendrerait une augmentation du bruit thermique du système, bruit à une fréquence correspondant à la localisation de la limite de la région lésée sur la membrane basilaire. Cette augmentation de bruit serait ensuite détectée au niveau des centres auditifs et résulterait en la perception d’un acouphène (Jastreboff, 1990). Ce modèle permet d’expliquer pourquoi beaucoup d’acouphènes ont une fréquence proche de la fréquence de coupure de la perte auditive.

Une manière non invasive de tester la fonctionnalité du système efférent chez l’humain est d’enregistrer les oto-émissions acoustiques provoquées (OEAP) pendant qu’un bruit blanc est présenté dans l’oreille controlatérale (Collet et al., 1990a; Collet, Veuillet, Bene, & Morgon, 1992; Giraud, Collet, Chéry-Croze, Magnan, & Chays, 1995). Le système efférent, activé par le bruit blanc controlatéral, inhibe la contraction des CCE, ce qui se traduit par une diminution d’amplitude des OEAP. Cette méthode a été utilisée pour tester l’implication potentielle du SEOCM dans l’acouphène (Chéry-Croze, Collet, & Morgon, 1993; Chéry-Croze, Moulin, Collet, & Morgon, 1994; Chéry-Croze, Truy, & Morgon, 1994; Veuillet, Collet, Disant, & Morgon, 1992). Ces études rapportent une diminution de l’efficacité du SEOCM en relation avec la présence d’un acouphène.