1.2.2.b Changements temporels dans les patterns de décharge neuronale

On sait que l’exposition à des facteurs facilitant l’apparition d’acouphènes peut altérer les propriétés temporelles des neurones auditifs, et notamment le délai entre deux décharges neuronales successives. En l’absence de stimulation auditive, les décharges sont irrégulières. Au contraire, lors d’une stimulation auditive, les décharges deviennent très régulières de telle sorte que les délais entre deux décharges successives restent constants. Cette uniformisation provient du fait qu'un groupe de neurones, plus ou moins grand selon l'intensité de la stimulation, synchronise leurs décharges selon une périodicité qui jouerait un rôle dans le codage des fréquences jusqu'à 5 kHz (Evans, 1978). Certains auteurs comme Eggermont (1990) émettent l’hypothèse qu’un acouphène serait généré dans n’importe quelle situation (pathologique) qui augmenterait la synchronisation des décharges de deux ou plusieurs neurones. En effet, la détection de corrélations temporelles entre les patterns de décharge de différentes fibres nerveuses pourrait constituer un mécanisme conduisant à la sensation d'un son, ou de ce fait à un acouphène. Une telle situation résulterait d'une plus ou moins grande simultanéité des décharges dans un petit groupe de fibres provenant d'une seule cellule ciliée ou de plusieurs adjacentes. Dans ce cas, l'individu ferait l'expérience d'un acouphène tonal dont la hauteur perçue serait déterminée, du fait de la tonotopie, par la localisation de cette ou ces cellules ciliées dans la cochlée. Une telle synchronisation des décharges pourrait être le résultat de connexions ephaptiques entre des fibres nerveuses à cause d'une perte de myéline, ou encore à une synchronisation synaptique entre des neurones due à un excès d'entrée d'ions Ca2+.