1.3.2 Modèle d’habituation (Hallam, Rachman, & Hinchcliffe, 1984)

Parmi les diverses théories développées pour expliquer la gêne provoquée par un acouphène, une des plus influentes est le modèle psychologique développé par Hallam, Rachman et Hinchcliffe (1984). Ce modèle suggère que le devenir naturel de l’acouphène se caractérise par le processus d’habituation. L’habituation est définie par les auteurs comme une réduction des réactions à la présence d’un stimulus répété et non pertinent. Hallam et al. (1984) ont émis l’hypothèse qu’une habituation à l’acouphène se met en place chez les êtres humains de la même manière que le processus d’habituation à des stimulations répétitives décrit chez les animaux. Le maintien dans le temps de la gêne engendrée par l’acouphène est alors envisagé comme un échec de l’habituation. Ils postulent que l’habituation est ralentie par des facteurs tels qu’un important niveau d’éveil tonique ou que l’acquisition, par le stimulus concerné, d’une signification émotionnelle.

L’habituation est un processus naturel qui se décompose en deux stades. Le premier est la disparition des réactions à un stimulus neutre itératif dont la survenue n’est pas renforcée ; le second, l’habituation à la perception : elle correspond, quant à elle, à la disparition de la conscience de la présence de ce stimulus. Il s’agit d’une caractéristique essentielle de notre cerveau qui nous permet de fonctionner de manière efficace en nous permettant de nous abstraire des stimuli non pertinents pour nous attacher à ceux nécessaires à la réalisation d’une tâche précise. Un stimulus catégorisé non pertinent n’atteint pas la conscience. Or, un stimulus nouveau, d’abord détecté, pourra devenir non pertinent s’il n’acquiert pas de signification ou de fonction particulières pour l’individu, et donc entraîner une habituation des réactions à ce stimulus et finalement de la perception qu’il évoque. Au contraire, un stimulus jugé important (par rapport à la tâche, etc…) est traité de manière contrôlée (avec attention), et ceci d’autant plus qu’il évoque une sensation d’insécurité ou de danger. Dans ce dernier cas, le système autonome est activé de manière à préparer l’organisme à réagir, ce qui se traduit par des comportements de type « faire face » ou « fuir ». Ceci s’accompagne d’un renforcement des traces mnésiques associées à ce stimulus, un accroissement de la pertinence de ce stimulus et une identification de plus en plus rapide, même en cas de compétition avec d’autres stimuli. Les processus d’habituation sont alors bloqués et la focalisation de l’attention sur ce stimulus détourne l’attention de tout autre objet.