2.1.1 Définitions

Pour tout système biologique, la structure anatomique définit directement sa fonction. Ce n’est pas le cas du cerveau pour lequel une connaissance même détaillée de son anatomie et de sa physiologie ne fournit pas tous les indices de son rôle dans l’émergence et le contrôle des fonctions mentales. La relation entre les structures cérébrales et leurs fonctions passe par le biais de processus physiologiques et s’établit au cours d’une structuration progressive qui dépend non seulement de processus génétiquement déterminés mais aussi de modulations par l’environnement et l’expérience. Ceci pose la question fondamentale de l’étude de l’organisation cérébrale des fonctions cognitives. En particulier, l’étude de l’asymétrie fonctionnelle du cerveau bénéficie d’une grande variété de sources d’informations dérivées de la neurologie, la neuropsychologie ou la psychologie expérimentale.

Cette dernière se fonde sur l’organisation anatomique des systèmes sensoriels où l’information présentée d’un côté du corps ou de l’espace est projetée dans l’hémisphère controlatéral, de façon exclusive pour la vision et le toucher, de manière prépondérante pour l’audition. En comparant les performances des sujets en fonction de l’hémisphère qui reçoit l’information, il devient possible d’étudier les différences hémisphériques dans le traitement de l’information. Un des problèmes majeurs de ce modèle expérimental réside dans le fait que la mesure de la performance (en termes de précision ou de rapidité) reflète tous les processus depuis la réception initiale de l’information par le système sensoriel jusqu’à la production de la réponse. Il demeure par conséquent difficile de déterminer le ou les stades pour lesquels une différence hémisphérique existe. Ceci a donné lieu, pour certaines modalités sensorielles, à l’étude des asymétries fonctionnelles à différents niveaux du traitement de l’information ; par exemple, pour le traitement auditif, une asymétrie fonctionnelle du système efférent olivo-cochléaire a été rapportée (Khalfa, 1999; Khalfa & Collet, 1996; Khalfa, Morlet, Veuillet, Perrot, & Collet, 1998). Cependant, s’il existe une asymétrie hémisphérique fonctionnelle, on ne peut pas oublier que les deux hémisphères opèrent en phase, de manière coopérative et contribuent conjointement à la réalisation de toute fonction. Ces considérations théoriques ont laissé émerger le concept de spécialisation hémisphérique fonctionnelle. Celle-ci implique que les hémisphères sont capables de traiter différemment l’information selon les exigences de la situation et qu’ils sont complémentaires.