2.1.3 L’influence de la latéralité manuelle et du genre

Approximativement 90 % des individus sont droitiers, les 10% restant sont gauchers ou utilisent de façon équitable les deux mains. Cependant, la dichotomie entre droitiers et gauchers n’est pas si simple et doit plutôt être envisagée comme un degré de latéralité manuelle variant en fonction d’une multitude de facteurs. Ainsi, certaines personnes favorisent une main pour effectuer des actions spécifiques et l’autre pour d’autres comportements. Le fait que la proportion des individus droitiers et celle de la spécialisation de l’hémisphère gauche pour le langage soient du même ordre suggère une relation entre ces deux phénomènes, mais la corrélation entre prévalence manuelle et latéralisation du langage est loin d’être parfaite (Sergent, 1998) : si, pour environ 96 % des droitiers, le langage est représenté dans l’hémisphère gauche, il l’est dans l’hémisphère droit pour les 4 % restants. Chez les gauchers, environ 70 % ont une représentation du langage dans l’hémisphère gauche, 15 % dans l’hémisphère droit, la représentation étant bilatérale chez 15 % d’entre eux (Rasmussen & Milner, 1977). Par conséquent, la probabilité qu’un droitier ait une représentation du langage dans l’hémisphère gauche est forte, tandis que l’organisation hémisphérique des fonctions chez les gauchers semble sujette à une plus grande variabilité. Dans un but de simplification, cette dernière observation a amené de nombreux chercheurs à n’inclure que des droitiers dans les études portant sur la spécialisation hémisphérique fonctionnelle, même lorsque celles-ci concernaient d’autres fonctions que celle du langage.

Comme les femmes tendent à montrer de meilleures performances que les hommes dans des épreuves verbales, tandis que les hommes s’avèrent plus compétents dans des tâches d’orientation spatiale, plusieurs auteurs ont recherché si ces différences comportementales ne reflétaient pas une organisation cérébrale fonctionnelle différente selon le genre. Une représentation bilatérale des fonctions verbales est plus souvent observée chez les femmes que chez les hommes (Hécaen, De Agostini, & Monzon-Montes, 1981), et les recherches effectuées chez des sujets normaux, adultes aussi bien qu’enfants, font plus souvent ressortir des différences hémisphériques chez les hommes que chez les femmes. Cependant, toutes les études de latéralisation n’ont pas été capables de montrer un effet significatif lié au genre (Voyer, 1996, pour une revue). Une telle variabilité dans les résultats implique que d’autres facteurs pourraient intervenir et il a été suggéré que, chez les femmes, des facteurs hormonaux seraient responsables de modulations dans les traitements des deux hémisphères (Sanders & Wenmoth, 1998).