2.2 Arguments en faveur d’une modification de l’organisation cérébrale associée à la présence de l’acouphène

Depuis une vingtaine d’années, on sait que des modifications plastiques du cortex adulte sont possibles, sous tendues soit par une désafférentation sensorielle, soit par un apprentissage (Rauschecker, 1999). Quelques études chez l’humain ont notamment apporté des arguments en faveur d’une plasticité fonctionnelle du cortex auditif primaire après une lésion cohléaire (Scheffler, Bilecen, Schmid, Tshopp, & Seelig, 1998), après une lésion du nerf auditif (Bilecen et al., 2000), ou après une exposition à des stimulations appauvries (Pantev, Wollbrink, Roberts, Engelien, & Lukenhoner, 1999), suggérant qu'une diminution des entrées entraîne une réorganisation des neurones codant pour les fréquences perdues.

Partant du modèle neurophysiologique de Jastreboff (1990), certains chercheurs ont émis l’hypothèse que tous les acouphènes, qu’ils soient d’origine périphérique ou centrale, engagent des systèmes fonctionnels spécifiques au niveau du cortex cérébral. Grâce aux progrès des techniques d’imagerie, plusieurs études ont ainsi cherché à déterminer a) quelles sont les régions corticales associées à la perception d’un acouphène et b) si la présence d’un acouphène peut modifier l’organisation corticale et/ou sous-corticale. Nous allons maintenant exposer les résultats de ces deux types de recherches ainsi que leurs conséquences sur la compréhension des processus liés à la perception d’un acouphène.