2.4.2 Résumé

Afin de déterminer si la présence d’une perception auditive fantôme peut modifier l’organisation cérébrale des fonctions du langage, des participants acouphéniques, normo-entendants simulés-acouphéniques et contrôles ont réalisé une tâche d’écoute dichotique de mots avec oreille indicée. L’objectif de l’indiçage sonore était d’orienter l’attention de manière automatique sur l’une ou l’autre des oreilles avant l’apparition des mots cibles.

Nos principaux résultats ont montré l’avantage de l’oreille droite, attendu pour le traitement des stimuli langagiers chez les participants contrôles, acouphéniques gauches et bilatéraux, et simulés-acouphéniques gauches, mais pas chez les participants acouphéniques droits et simulés-acouphéniques droits. De plus, les patients acouphéniques gauches ont présenté un avantage de l’oreille droite plus marqué que tous les autres participants. L’indice sonore n’a eu aucun effet significatif sur les performances de l’une ou l’autre oreille, en particulier, cet indiçage n’a influencé ni l’avantage de l’oreille droite chez les participants contrôles, acouphéniques gauches ou bilatéraux et simulés-acouphéniques gauches, ni l’absence de cette supériorité de l’oreille droite chez les participants acouphéniques droits et simulés-acouphéniques droits.

Ces résultats suggèrent à la fois une interférence due à la présence d’un bruit non pertinent dans l’oreille droite, que ce soit un acouphène réel ou simulé, et une perturbation spécifique du signal de l’acouphène sur les traitements langagiers, se traduisant par une absence d’avantage de l’oreille droite pour le traitement du langage chez les acouphéniques droits et une exacerbation de cet avantage chez les acouphéniques gauches. Ces données sont donc en faveur de l’existence d’une influence de la perception d’un acouphène sur l’organisation des fonctions cérébrales.