3.1.2 Les ressources attentionnelles

Les modèles des ressources de l’attention sont fondés sur le postulat que la réalisation d’une tâche nécessite un effort mental. Selon Kahneman (Ninio & Kahneman, 1974), un individu possède une capacité limitée pour effectuer un travail mental et peut contrôler de manière consciente la façon dont ces ressources limitées peuvent être investies dans différentes activités. Certaines tâches ne nécessitent que peu d’effort mental alors que d’autres en nécessitent beaucoup. Quand le niveau d’attention n’équivaut pas à la demande, le niveau de performance décline. Ainsi, une activité peut entièrement échouer si le système manque de ressources disponibles pour faire face à la demande ou si l’attention est consacrée à d’autres activités. De plus, il existerait des « systèmes d’alarme » pour attirer automatiquement l’attention ou faire face à des situations d’urgence quand les limites de capacité sont dépassées.

Le modèle de capacité en ressources proposé par Kahneman était à l’origine destiné à compléter les modèles en entonnoir. Johnston et Heinz (1979) ont poursuivi ce but et démontré la flexibilité de l’attention et l’interaction entre les théories de l’entonnoir et celles des ressources, développant une théorie multimodale de l’attention. Selon celle-ci, les intentions des individus et les demandes de la tâche déterminent l’étape du traitement de l’information au niveau de laquelle celle-ci sera sélectionnée. Ainsi, l’observateur peut adopter n’importe quel mode d’attention exigé par la tâche, c’est-à-dire celui qui est le mieux adapté. Cependant, ceci a un coût : la quantité de ressources exigée par l’attention sélective augmente des modes de sélection précoces aux modes de sélection tardifs.

Tous les modèles de l’attention soulignent que la quantité d’efforts mentaux à fournir varie considérablement d’une tâche à l’autre. De plus, certaines aptitudes sont si performantes ou deviennent si routinières qu’elles ne nécessitent qu’une quantité minimale de ressources de l’attention. Le terme de « traitement automatique » est employé pour se référer à de telles aptitudes. Posner et Snyder en 1975 (McCormick, 1997) ont proposé trois critères permettant de déterminer si une aptitude est automatique ou pas : elle est automatique si 1) elle se produit sans intention, 2) elle ne donne pas naissance à une attention consciente, et 3) elle n’interfère pas avec une autre activité mentale. Si l’implication de ces critères dans les traitements automatiques est controversée, l’existence de l’automaticité est, elle, défendue dans tous les modèles de l’attention. Les automatismes ont quelques inconvénients : ils sont stéréotypés et ils peuvent parasiter les comportements (biais de traitement).