3.3.2 Résumé

Une des idées les plus répandues concernant la persistence d’un acouphène est que la fixation de cette perception auditive fantôme au niveau du système auditif central résulterait de la focalisation de l’attention sur ce signal aberrant. Nous avons cherché à tester cette hypothèse en étudiant les mécanismes d’orientation automatique de l’attention chez des patients acouphéniques chroniques. Des participants acouphéniques, simulés-acouphéniques et contrôles ont été testés à l’aide d’un paradigme « odd-ball ».

Les résultats ont montré, dans tous les groupes, les effets classiques de capture de l’attention par un stimulus déviant, se traduisant par une diminution des performances obtenues dans une tâche de catégorisation effectuée après la présentation du stimulus déviant (i.e. non fréquent), par rapport à celles obtenues quand la tâche est réalisée après la présentation d’un stimulus standard (i.e. fréquent). De plus, les patients acouphéniques unilatéraux ont démontré une amélioration significative de leurs performances quand la tâche porte sur l’oreille acouphénique, amélioration qui n’est pas retrouvée chez les participants simulés-acouphéniques.

Ces résultats sont en faveur de l’existence, chez les patients acouphéniques, d’une perturbation des processus automatiques d’orientation de l’attention exogène, se traduisant par une plus grande difficulté à diriger l’attention sur l’oreille non acouphénique. En conséquence, la persistance de l’acouphène chez ces patients pourrait résulter d’une focalisation irrépressible de l’attention sur l’acouphène, renforçant la détection automatique des signaux relatifs à celui-ci et empêchant la mise en place de l’habituation.