3.3.5 Résumé

Nous avons entrepris d’étudier les mécanismes d’orientation de l’attention afin de tester l’hypothèse selon laquelle les personnes très invalidées par leur acouphène présentent une perturbation dans les processus d’engagement et/ou de désengagement de l’attention. Deux tâches de détection de cibles (modalité visuelle ou modalité auditive) fondées sur le paradigme d’indiçage spatial ont été proposées à des participants acouphéniques, simulés-acouphéniques et contrôles. Supposant l’existence d’une focalisation de l’attention irrépressible et automatique sur l’acouphène, nous avions émis l’hypothèse que les acouphéniques sévères présenteraient des difficultés se manifestant par des temps de réponse plus longs dans les conditions non valides, c’est-à-dire dans les processus de désengagement et/ou de réengagement de l’attention.

En modalité visuelle, les résultats ont montré une difficulté globale des patients acouphéniques unilatéraux, se traduisant par des temps de réponse plus longs quelle que soit la condition de présentation de la cible. Ils n’ont, par conséquent, pas permis de conclure à l’existence, chez ces patients, d’une difficulté dans les processus de désengagement et/ou de réengagement de l’attention spatiale testés en modalité visuelle. Concernant la modalité auditive, aucun des effets décrits habituellement dans le paradigme d’indiçage spatial et traduisant les mécanismes d’orientation spatiale de l’attention n’est apparu. Aucune conclusion n’a donc été possible. En conséquence, il semblerait que les patients acouphéniques ne présentent pas de déficit particulier des processus d’orientation de l’attention spatiale visuelle, mais plutôt une difficulté globale dans la réalisation de telles tâches attentionnelles. La présence d’un acouphène, non pertinent pour la tâche à réaliser, pourrait suffir à créer une situation de double tâche et une surcharge dans les traitements engagés, à l’origine d’une plus grande difficulté à traiter les informations quelles qu’elles soient.