Résultats

Nous avons réalisé une analyse de la variance sur les temps de réponse de l’ensemble des sujets. Le facteur inter-sujets était le facteur Groupe : sujets acouphéniques bilatéraux (SAB), unilatéraux droits (SAD), unilatéraux gauches (SAG), contrôles (CO), simulés acouphéniques droits (SIM AD) et simulés acouphéniques gauches (SAG), et les facteurs intra-sujet étaient les suivants : Condition (valide, non-valide, neutre), Position de la cible (droite, gauche) et ISI (50, 150, 250, 350 ms). Afin de pouvoir réaliser cette analyse, nous avons moyenné les réponses des sujets en remplaçant les temps de réponse inférieurs à 50 ms (réponses anticipées survenant avant la cible) et ceux supérieurs à deux fois la moyenne de chaque condition expérimentale (qui pourraient correspondre à des processus plus complexes différant de ceux que nous cherchions à analyser) par la valeur moyenne des autres réponses du sujet pour la même condition expérimentale, c’est-à-dire pour le même ISI et la même condition.

L’ANOVA a révélé que les participants répondaient plus rapidement dans la condition valide (M = 298) que dans la condition neutre (M = 307), et dans la condition neutre que dans la condition non valide (M = 324), F(2, 72) = 32.60, p < .0001. L’analyse des contrastes a confirmé la significativité de ces différences, F(1, 72) > 8.20, p < .01 pour toutes les comparaisons deux à deux. L’ANOVA a de plus révélé un effet principal du facteur ISI, F(3, 108) = 8.05, p < .0001, ainsi qu’une interaction entre ces deux facteurs ISI*Condition, F(6, 216) = 2.17, p < .05. Cette interaction est illustrée dans la Figure 31. Afin de savoir si ces résultats confirmaient les phénomènes attentionnels classiquement montrés dans une telle tâche d’indiçage spatial, nous avons réalisé des analyses de contrastes comparant les différents ISI deux à deux pour chaque condition. Celles-ci ont montré que, dans la condition valide, les participants répondaient plus lentement avec l’ISI 50 qu’avec l’ISI 150, F(1, 216) = 6.72, p < .01, avec l’ISI 150 qu’avec l’ISI 250, F(1, 216) = 4.74, p < .04, et avec l’ISI 50 qu’avec l’ISI 350, F(1, 216) = 5.77, p < .02, mais plus rapidement avec l’ISI 250 qu’avec l’ISI 350, F(1, 216) = 5.60, p < .02. Dans la condition neutre, les participants ont répondu plus lentement avec l’ISI 50 qu’avec l’ISI 150, F(1, 216) = 11.09, p < .001, mais aucune différence significative n’est apparue entre les TR avec l’ISI 150 et l’ISI 250, F(1, 216) = 1.76, p > .15, ni entre les TR avec l’ISI 50 et l’ISI 350, F(1, 216) = 3.47, p > .06. Cependant, dans cette condition comme dans la précédente, les participants ont répondu plus rapidement avec l’ISI 250 qu’avec l’ISI 350, F(1, 216) = 7.79, p < .01. Enfin, dans la condition non valide, une seule différence significative a été obtenue entre l’ISI 50 et l’ISI 350, F(1, 216) = 6.40, p < .02, en faveur de TR plus grands pour l’ISI 50, F < 1 pour toutes les autres comparaisons.

L’ANOVA a révélé des différences entre les TR moyens des six groupes de participants, F(5, 36) = 3.80, p < .01. Ce résultat est illustré dans la Figure 32. Une analyse des contrastes comparant les groupes a de plus montré que les participants CO répondaient plus rapidement que les patients SAD, F(1, 36) = 5.59, p < .03, que les patients SAG, F(1, 36) = 9.70, p < .01, et que les participants SIM AG, F(1, 36) = 5.62, p < .03. D’autre part, les TR des participants SIM AD étaient plus rapides que ceux de ces mêmes trois groupes, c’est-à-dire les patients SAD, F(1, 36) = 6.75, p < .02, que les patients SAG, F(1, 36) = 10.57, p < .01, et que les participants SIM AG, F(1, 36) = 6.78, p < .02.

Cet effet du facteur Groupe était cependant modulé par le facteur Condition, comme le montre l’interaction Groupe*Condition, F(10, 72) = 2.44, p < .02. Cette interaction est illustrée dans la Figure 33. Afin de mieux la comprendre, nous avons réalisé des analyses de contrastes comparant les différentes conditions deux à deux pour chaque groupe de participants. Celles-ci ont révélé des évolutions des TR suivant les conditions valide, neutre et non valide, différentes selon les groupes de participants. On a pu en effet distinguer trois évolutions différentes. Premièrement, les participants CO ont présenté des TR plus courts dans la condition valide que dans la condition neutre, F(1, 72) = 21.15, p < .0001 et dans la condition valide que dans la condition non valide, F(1, 72) = 16.56, p < .001, mais ils n’ont pas présenté de différence significative entre les conditions neutre et non valide, F < 1. Deuxièmement, les participants SIM AD et SIM AG ont présenté des différences entre les conditions valide et non valide, F(1, 72) > 5.00, p < .03 dans les deux cas, mais pas de différences entre les conditions neutre et non-valide ou neutre et valide, F(1, 72) < 2.50, p < .10 pour toutes les comparaisons. Troisièmement, les patients SAB, SAD et SAG ont présenté des résultats similaires entre eux, avec, pour chacun des trois groupes, a/ des temps de réponse plus courts dans la condition valide que dans la condition non valide, F(1, 72) > 5.00, p < .02, b/ des TR plus courts dans la condition neutre que dans la condition non valide, F(1, 72) > 11.00, p < .01, et c/ aucune différence significative entre les conditions valide et neutre, F < 1.