Discussion

Les résultats obtenus dans la tâche d’indiçage spatial en modalité auditive n’ont pas permis de montrer les mécanismes attendus d’orientation de l’attention spatiale. En effet, quelle que soit la condition expérimentale, les temps de détection des cibles auditives des participants étaient identiques. Ainsi notre protocole expérimental a échoué à révéler, en modalité auditive, les effets de facilitation et d’inhibition classiquement décrits dans un paradigme d’indiçage spatial.

Plusieurs éléments pourraient expliquer pourquoi nous n’avons obtenu aucun résultat. D'une part, certains éléments dans le design de l'expérience pourrait avoir perturbé les mécanismes “normaux” d'orientation de l'attention. La présence du point de fixation auditif (correspondant à la présence des deux carrés sur l'écran de l'ordinateur en modalité visuelle) a pu induire des effets de masquages rétroactif et proactif par le bruit blanc sur les sons indice et cible, perturbant notamment le traitement de l'indice présenté seulement pendant 100 ms. En effet, aucun silence ne séparait les présentations du bruit, de l'indice et de la cible. Cependant, même si des interférences sont certaines, l'indice ne devait pas être détecté ou reconnu mais devait simplement indiquer une localisation spatiale, ce qui ne devrait pas être totalement annulé par de telles interférences.

D'autre part, la tâche de détection de cible ayant été élaborée dans la modalité visuelle, le protocole expérimental pourrait ne pas être adapté à la modalité auditive. Des expériences antérieures se fondant sur ce paradigme d’indiçage spatial en modalité auditive (Driver & Spence, 1998; Mondor & Zatorre, 1995) utilisaient en fait des tâches plus complexes qu’une simple détection de cibles, comme des tâches d’identification (son pur ou son complexe) dans le protocole décrit par Mondor et Zatorre (1995). En fait, le système perceptif auditif s’appuie de manière prépondérante sur les informations fréquentielles des stimuli auditifs, ainsi que l’atteste l’organisation tonotopique des premiers relais de traitement de l’information auditive. Ceci confère un statut moins saillant aux caractéristiques spatiales de cette information. Ainsi, il aurait peut-être été plus judicieux d’utiliser une tâche de discrimination fréquentielle plutôt qu’une simple tâche de détection de cibles pour voir apparaître des effets d’orientation de l’attention spatiale auditive. Cependant, comme nous l’avons souligné précédemment, nous avions cherché à adapter le protocole utilisé en modalité visuelle à la modalité auditive de manière à pouvoir comparer les résultats dans ces deux cas, mais il sera sans doute nécessaire de choisir une tâche plus complexe dans les deux modalités.