4.1.1 Théories fondatrices de l’étude des émotions en psychologie cognitive

La théorie de James-Lange (James, 1994) insiste sur le rôle des événements physiologiques périphériques dans l’émotion. Selon elle, les émotions sont les perceptions des changements corporels provoqués par des stimuli particuliers. Ainsi, la peur émerge parce que des stimuli environnementaux spécifiques produisent des changements dans la physiologie corporelle ; ce sont ces changements qui constituent l’émotion. Une des principales critiques de la théorie de James-Lange se fonde sur le fait que l’activation d’un système physiologique ne suffit pas à provoquer une émotion par elle-même. Ceci a donné naissance à la théorie inverse, la théorie de Cannon-Bard (Cannon, 1987), qui insiste sur l’intégration cérébrale de l’expérience et de la réaction émotionnelles. Selon elle, les émotions constituent une réaction d’urgence de l’organisme qui provoque en retour une activation du système nerveux autonome et, donc, des changements corporels. De ce débat sur la primauté de l’émotion sur la cognition ou de la cognition sur l’émotion sont nées des théories mettant plus en avant une interaction entre émotion et cognition. Schachter en 1975 (Erdmann & Janke, 1978; Reisenzein, 1983) fut le premier à suggérer que les individus interprètent l’activation viscérale en fonction des stimuli responsables de la situation environnante et en fonction de leur état cognitif propre. Un état émotionnel résulterait de l’interaction entre une activation physiologique et une interprétation cognitive de cet éveil physiologique. Cette théorie a elle-même subi des critiques. Ainsi, selon Schachter, l’éveil physiologique serait non spécifique, n’affectant que l’intensité d’une émotion perçue et non sa qualité. Cependant, des données expérimentales suggèrent au contraire que chaque émotion se manifeste par un pattern particulier d’activation autonome (Cacioppo Klein, Berntson & Hatfield, 1993; Collet, Vernet-Maury, Delhomme & Dittmar, 1997).