4.4.2 Résumé

Un des facteurs de pérennisation de l’acouphène pourrait consister en l’acquisition par ce symptôme d’une signification émotionnelle aversive. Ceci engendrerait un état émotionnel général négatif chez les patients invalidés ainsi qu’un biais de négativité à l’égard des stimulations de l’environnement. Afin de déterminer si la présence d’un acouphène peut ou non modifier les traitements émotionnels des stimulations auditives, une tâche d’écoute dichotique de sons à connotation émotionnelle a été proposée à des patients acouphéniques, des participants contrôles et des simulés-acouphéniques. La tâche consistait en un jugement hédonique de sons possédant un caractère émotionnel par leur signification et présentés de manière dichotique.

Les résultats ont révélé que les patients acouphéniques répondent globalement plus lentement que les participants contrôles ou simulés-acouphéniques et que les patients porteurs d’un acouphène sévère sont ceux qui présentent les temps de réponse les plus longs. Ils ont aussi montré que, contrairement à un acouphène réel, la présence d’un acouphène simulé dans une oreille perturbe le traitement des stimulations négatives. En outre, seuls les patients acouphéniques gauches ont présenté un pattern asymétrique de réponse en faveur de l’oreille gauche pour le traitement des stimuli positifs. Ces données infirment les hypothèses d’un biais de traitement favorisant et renforçant le traitement des sons à connotation émotionnelle négative chez les acouphéniques et suggèrent que, même s’il est ressenti comme gênant, l’acouphène pourrait être à l’origine d’une certaine adaptation au niveau des traitements auditifs émotionnels.