1.2. Comorbidité d’axe I et d’axe II

Les différentes études épidémiologiques faites essentiellement à partir des critères du DSM-III-R (APA, 1987) mettent en évidence un pourcentage de comorbidité d’axe I allant de 42.2 % à 86 % (Crino et Andrews, 1996 ; Antony, Downie et Swinson, 1998 ; Cotraux, 1998). La dépression constitue la comorbidité la plus fréquente. Elle atteint 50 à 80 % des patients (Cottraux, 1998) et est, dans la majorité des cas, secondaire au TOC. L’alcoolisme est une autre complication fréquente retrouvé dans 8 à 15 % des cas. Il est rare de plus que le TOC intervienne en tant que diagnostic additionnel lorsqu’un autre trouble est considéré comme le diagnostic principal.

Si la survenue d’un trouble anxieux, de l’humeur ou addictif est généralement postérieur à la survenue des symptômes obsessionnels, on constate le schéma inverse en ce qui concerne le diagnostic additionnel de trouble de contrôle des impulsions dont la trichotillomanie, de trouble des conduites alimentaires, de maladie de Gilles de la Tourette, de tics pathologiques ou encore de déficit de l’attention/hyperactivité. Une telle comorbidité est retrouvée cependant dans moins de 10 % des cas. L’association d’un TOC avec un diagnostic de trouble des conduites alimentaires de type anorexie où des épisodes de restrictions alimentaires alternent souvent avec des phases de boulimie n’est cependant pas rare. Une étude de Zribi, Chambon et Cottraux (1989) montre en effet un taux dix fois plus élevé d’anorexie mentale chez les sujets présentant un TOC que dans la population générale où la prévalence sur la vie est estimée de 1 % à 2 % (Hollander et Benzaquen, 1996). Inversement, la prévalence sur la vie de TOC chez des patients présentant un diagnostic primaire d’anorexie est estimée entre 15 % et 37 % (Antony et coll., 1998 ; Hollander et Benzaquen, 1996). Nous reviendrons plus longuement sur les associations qui peuvent être rencontrées entre un TOC et des troubles considérés par un certain nombre d’auteurs actuels, en particulier Jenike et Hollander (Jenike, 1990 ; Stein et Hollander, 1993 ; Oldham, Hollander et Skodol, 1996 ; Stein, 1996) comme faisant partie du spectre des troubles apparentés au trouble obsessionnel-compulsif. De telles données indiquent que la comorbidité entre le trouble obsessionnel-compulsif et des troubles caractérisés par une importante symptomatologie impulsive existe, même si la prévalence estimée ne dépasse pas 10 %. Malgré les composantes d’inhibition des émotions et des comportements qui sont caractéristiques du TOC, manifestations compulsives et conduites impulsives peuvent donc coexister.

L’association d’un TOC avec un trouble de la personnalité (Axe II) est retrouvée dans 33 à 83 % des cas et se situe plus typiquement entre 50 et 65 % (Summerfeldt, Huta et Swinson, 1998). La grande variabilité observée est en partie expliquée par la difficulté de définition du concept de personnalité et par le continuum qui existe entre la personnalité considérée comme normale et la personnalité considérée comme pathologique. Selon les critères diagnostiques du DSM-IV, la fréquence de cette association apparaît cependant similaire à celle observée pour les autres troubles anxieux et le trouble obsessionnel-compulsif partage avec eux une prédominance de la représentation des troubles de personnalité appartenant au cluster C, c’est à dire les personnalités dépendante et évitante et dans une moindre mesure la personnalité histrionique appartenant au cluster B, rapportés dans 5 à 30 % des cas.

La comorbidité entre TOC et personnalité borderline tient une place à part étant donné les divergences de prévalence retrouvées selon les études menées. Une revue de littérature menée par Summerfeldt et coll. (1998) ajoutée à une étude de Pfohl, Black, Noyes, Kelley et Blum (1990) indiquent une comorbidité allant de 0 à 39 %.