1.3.1.b. Baisse de tension psychologique et dyscontrôle comportemental ?

La conception de Janet des obsessions-compulsions et plus largement des troubles névrotiques, comme celle de Freud, est un modèle énergétique. Elle s’inscrit dans une perspective neurologique inspirée de la pensée de H. Jackson, neurologue contemporain de son époque qui considère le fonctionnement nerveux comme un système hiérarchisé dans lequel la destruction d’un centre nerveux ou d’une structure nerveuse intervenant dans une fonction cognitive spécifique entraîne la régression à un centre nerveux de niveau inférieur. Le modèle de tension psychologique de Janet peut être rapproché des données neurobiologiques et neurocognitives actuelles qui donnent aux structures frontales et en particulier pré-frontales et orbitofrontales un rôle majeur dans le contrôle et la régulation des comportements. Les données issues des études actuelles de neuroimagerie dans le TOC indiquant, d’une part, une hyperfrontalité supposée refléter la lutte volontaire du sujet contre les obsessions et, d’autre part, l’observation d’une perturbation des structures sous-corticales des noyaux caudés, supposés rendre compte de la libération de comportements moteurs stéréotypés et de bas niveau (pour une revue voir Cottraux et Gérard, 1998), peuvent constituer des arguments en faveur du modèle de baisse de tension psychologique et de la psychasthénie développé par Janet il y a plus d’un siècle. Les obsessions comme les compulsions constitueraient les symptômes d’un déficit du contrôle comportemental, cognitif et émotionnel normalement effectué par les structures cérébrales frontales et, plus largement avec les connexions cortico-sous-corticales impliquant les structures des ganglions de la base.