1.3.2. Modèle psychanalytique de la névrose obsessionnelle et de la notion d’impulsion

1.3.2.a. La névrose obsessionnelle

C’est à Freud (1908) que l’on doit le concept de névrose obsessionnelle ( Zwangneurose ) . Il prolonge l’avancée de Janet et, à la place des concepts de “baisse de tension psychologique” et de “subconscient”, il propose la notion de “refoulement” actif et “d’inconscient”. Du point de vue des mécanismes, le sujet tente en permanence d’expulser une représentation inconsciente insupportable (marquant l’échec du refoulement), en détachant cette représentation de l’affect qui lui est associé et en l’unissant à de nouvelles représentations opposées et anodines. Les symptômes obsessionnels et compulsifs traduisent donc l’expression de mécanismes de défense émis par le Moi contre des conflits et désirs inconscients réprimés par le Surmoi. Le conflit intrapsychique génère non seulement une importante culpabilité mais aussi de l’angoisse et de l’anxiété. Les affects inconscients sont isolés de la représentation inconsciente originelle (mécanisme d’isolation), permettant ainsi d’atténuer sa force. Ils sont rattachés à de nouvelles représentations anodines et opposées qui ne sont pas incompatibles avec la structuration du Moi mais qui gardent cependant une association symbolique avec la représentation originelle (mécanismes de déplacement et formation réactionnelle) (Yaryura-Tobias et Neziroglu, 1983 ; Bergeret, 1995 ; Vaughan et Salzman, 1996 ; Perry, 1996). Le sens visible et donné par le sujet aux symptômes est la crainte angoissante de quelque chose de grave qui pourrait arriver par négligence ou par faute personnelle et qu’il faut éviter. Ce sens renvoie au conflit inconscient qui se joue entre désir, interdiction et culpabilité. Le rituel a un sens d’évitement et de conjuration et constitue une condensation des défenses (isolation, déplacement et formation réactionnelle).

La vie pulsionnelle se caractérise par une importante ambivalence entre des sentiments d’amour et de haine et par la fixation des pulsions et leur régression au stade sadique-anal (Freud, 1929, 1966 ; Laplanche et Pontalis, 1998). Du point de vue topique, les instances interdictrices du Surmoi rendent impossible pour le sujet l’expression de ses sentiments de haine et de colère, conduisant à une relation sado-masochique intériorisée sous la forme de la tension entre le Moi et le Surmoi. L’ambivalence “ amour/haine ” expliquerait par ailleurs les phénomènes de ruminations et d’intrusions mentales, d’indécision et de doute pathologique, de culpabilité et de responsabilité excessives conduisant à la formation des défenses et symptômes spécifiques et à une inhibition intellectuelle et motrice. La pulsion anale initiale est maîtrisée par l’intermédiaire du recours aux mécanismes de formation réactionnelle en étant transformée en son contraire ( le caractère anal fait d’ordre, de parcimonie, de sens du détail, d’entêtement, d’altruisme irait dans le sens contraire des tendances agressives et de désordre).