1.3.3. Modèles comportementaux

Les modèles comportementaux sont issues de la théorie des conditionnements. Le modèle comportemental classique du trouble obsessionnel-compulsif se réfère aux théories de l’apprentissage. Les obsessions récurrentes et pathologiques, source d’une détresse psychique, sont supposées causées par un trouble de l’habituation (Beech, 1974). Les manifestations compulsives, quant à elles, sont supposées acquises par un phénomène de conditionnement classique et maintenues par un mécanisme de conditionnement opérant (Mowrer, 1960). Le modèle comportemental s’attache donc essentiellement à expliquer le lien entre situations provocatrices d’anxiété et compulsions ainsi que le phénomène de renforcement négatif qui conduit à leur maintien.

La théorie de l’activation et de l’habituation (Beech, 1974) postule que l’obsession pathologique constitue un stimulus interne qui n’a pas réussi à entraîner une réponse d’habituation émotionnelle.  Des difficultés d’habituation des réponses motrices, émotionnelles et cognitives ont été effectivement démontrées expérimentalement chez des sujets obsessionnels (Beech, 1974 ; Marks, 1987) mais elles n’apparaissent pas spécifiques au TOC. Elles sont également retrouvées dans d’autres troubles anxieux comme le trouble panique ou le trouble anxieux généralisé ainsi que dans la schizophrénie (De Gregorio et Fontaine, 1996). De ce fait, l’hypothèse d’un trouble de l’habituation à l’origine du TOC n’a pu être démontré.

Mowrer (1960) a proposé, quant à lui, la théorie des deux facteurs ou théorie de l’évitement. Les rituels sont expliqués par un mécanisme d’apprentissage en deux temps. Une première phase de conditionnement classique a lieu durant laquelle le sujet associe fortuitement un stimulus neutre (par exemple la saleté, le désordre) à un stimuli inconditionnel aversif, douloureux et générateur d’émotions négatives, en particulier de l’anxiété. Le stimulus neutre devient alors un stimulus conditionnel capable de générer la même réponse d’anxiété que le stimulus aversif d’origine. Dans un deuxième temps, intervient la phase de maintien des rituels par un phénomène de conditionnement opérant. Les conséquences immédiates de la réalisation du rituel, la diminution de l’état émotionnel anxieux, renforcent négativement les rituels. Ce modèle n’a pas non plus été démontré. Il est difficile de retrouver des expériences de conditionnement initiales et de les reproduire en laboratoire. Par ailleurs, les comportements ritualisés sont déclenchés par des stimulations internes, les pensées intrusives et ne sont pas liés à des stimuli environnementaux comme dans les phobies. Il est, par ailleurs, fréquent d’observer une augmentation de l’anxiété suite à la réalisation des rituels plutôt que le soulagement attendu. Dans ce cas, le processus de renforcement négatif des rituels n’est pas pour autant stoppé.

Les modèles comportementaux n’apparaissent donc pas suffisamment pertinents pour expliquer la complexité des manifestations pathologiques en particulier des obsessions et des rituels couverts ou ruminations mentales. Ils présentent néanmoins l’intérêt d’expliquer le maintien des compulsions par un phénomène de conditionnement opérant : le soulagement immédiat de l’anxiété que procure la réalisation des rituels conduit à leur renforcement.