2.2. Les modèles expérimentaux de l’impulsivité et ses mesures cognitives

2.2.1. Approche neurocognitive de l’impulsivité

Toutes les conduites considérées comme impulsives peuvent être référées à la notion d’inhibition/désinhibition cognitivo-comportementale et émotionnelle. La désinhibition est comprise comme un déficit de contrôle des actions, cognitions ou émotions, une incapacité à mettre un délai entre une stimulation et une réponse comportementale ou plus simplement une incapacité à différer une réponse à une stimulation. Une telle approche de la dimension impulsive renvoie aux rôles joués par les fonctions exécutives dans les processus cérébraux nécessaires à la réalisation de tâches complexes (Dubois et coll., 1994). Elles interviennent dans la planification d’une action, le maintien d’un plan d’action, dans la capacité de changer de plan en fonction des modifications et des contraintes environnementales (flexibilité cognitive) et dans l’inhibition des réponses non pertinentes liées à des stimuli inférants ou distracteurs. Pour Siever et Davis (1991), l’impulsivité implique un dysfonctionnement des systèmes cérébraux ayant pour fonction de moduler et d’inhiber les actions et les comportements agressifs en réponse aux stimuli environnementaux. Elle s’exprime au niveau de la sphère comportementale, cognitive et émotionnelle à travers : un déficit du contrôle des comportements, une difficulté à différer une réponse à une stimulation, une réponse comportementale rapide sans évaluation des conséquences et des risques possibles, une absence de délibération, l’incapacité à introduire une discontinuité au sein d’une boucle sensori-motrice, ou encore la caractère urgent et incontrôlable d’une réponse cognitive ou motrice à une stimulation interne ou externe. Du point de vue des réponses émotionnelles, elle se traduit par une hypersensibilité aux stimuli nocifs/aversifs, une irritabilité ainsi qu’une anxiété et une humeur instable et mal contrôlée. D’un point de vue des processus de traitement de l’information, l’impulsivité renvoie aux concepts cognitifs d’inhibition/désinhibition cognitivo-comportementale et émotionnelle. Elle est sous-tendue par des processus de traitement automatiques et indépendants de la volonté et de la conscience du sujet. Expérimentalement, elle va s’exprimer dans un type de réponse spécifique à des tâches perceptivo-motrices qui nécessitent d’inhiber ou seulement de différer une réponse motrice. Une réponse cognitive et motrice impulsive va se caractériser par des temps de réaction courts, une difficulté à inhiber une réponse à des stimuli non pertinents ainsi qu’à inhiber l’orientation des processus attentionnels vers des traits perceptifs caractéristiques d’une stimulation afin de les orienter vers des aspects de la stimulation moins “ évidents ” mais plus pertinents par rapport à la tâche (Thomas et Willems, 1997).