2.2.3. Processus de traitement de l’information et mesures cognitives de l’impulsivité

Les études qui s’intéressent aux processus de traitement de l’information pouvant constituer des marqueurs cognitifs de la dimension impulsive portent essentiellement sur des populations de sujets diagnostiqués comme impulsifs.

Barratt (Barratt,1959, 1967, 1987 ; Barratt, Patton, Olsson et Zucker, 1981) a montré que des sujets impulsifs présentaient des temps de réaction plus courts que des sujets non impulsifs à des tâches psychomotrices simples. Cependant, dans le cas de tâches cognitives plus complexes nécessitant des processus d’attention soutenue, ce profil de réponse s’inverse et les temps de réaction des sujets “ impulsifs ” apparaissent au contraire plus longs. Selon cet auteur, l’impulsivité,en tant que dimension de la personnalité serait significativement corrélée aux processus de contrôle de l’output moteur plutôt qu’aux processus cognitifs de traitement de l’input sensoriel et perceptif.

Edman, Schalling et Levander (1983) ont comparé deux groupes de sujets préalablement évalués comme “ impulsifs ” ou “ non-impulsifs ” sur une tâche de temps de réaction avec deux choix de réponse. Leurs résultats indiquent que le groupe de sujets “ impulsifs ” présente des temps de réaction significativement plus courts et un nombre d’erreurs de commission significativement plus élevé. Les auteurs rapportent ces résultats à la conception de l’impulsivité développée dans les théories de la personnalité qui implique le fait d’agir sur le moment sans anticipation des conséquences ni planification.

Dans une étude comparant la perception et le traitement des dimensions globales et locales de l’information chez des sujets présentant différents niveaux d’impulsivité, Dickman (1985, 1993) a montré que les sujets classés comme “ hautement impulsifs ” avaient plus de difficulté pour ignorer les stimuli “ globaux ” (des lettres) lorsque la consigne de la tâche nécessitait de focaliser l’attention sur les stimuli “ locaux ”. Partant de deux hypothèses distinctes pouvant rendre compte de ces résultats : une perturbation des processus d’attention sélective ou des processus d’inhibition et d’interférence, Dickman ne retient finalement aucune de ces hypothèses. Il propose que les difficultés observées soient expliquées en terme de stratégie de traitement de l’information différente en fonction de la valeur accordée à la rapidité de la réponse ou au contraire à son exactitude. Les sujets impulsifs donneraient ainsi plus de valeur à la rapidité de la réponse au détriment de son exactitude. Cette hypothèse le conduit à distinguer deux types d’impulsivité, fonctionnelle et dysfonctionnelle, en fonction de la situation et du caractère adaptatif et adéquat d’une réponse cognitive et motrice rapide avec une faible évaluation des conséquences (Dickman, 1990).

Utilisant plusieurs tâches de temps de réaction et d’épreuves go/no go évaluant les processus d’inhibition et de contrôle moteur, auprès de 16 enfants présentant un trouble d’attention et d’hyperactivité (trouble AD/HD) comparés à 16 enfants présentant un trouble psychiatrique, neurologique et/ou neurospychiatrique autre (tels que syndrome d’Asperger, épilepsie frontale, syndrome de Gille de la Tourette, dyspraxie développementale ou encore dysthymie et trouble de la personnalité) et 16 enfants contrôles, Rubia, Taylor, Smith, Oksannen, Overmeyer et Newman (2001) montrent que les enfants souffrant de trouble d’attention et d’hyperactivité qui présentent un trouble de contrôle de l’action et un déficit d’inhibition comportementale obtiennent des performances déficitaires aux différentes épreuves Go / No go proposées mais non aux épreuves de temps de réaction. Ce profil de performance spécifique est, par ailleurs, associé, par ailleurs, à une réduction de l’activation préfrontale observée en IRM.